Qui a dit que l’Histoire ne repassait pas les plats ? On se souvient de l’annonce, en 2013, par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, de l’abandon de Louvois. Du nom du logiciel fou de paie des militaires, responsable d’une armada de cafouillages, entre paiements en retard, partiels ou trop-perçus… La facture de l’abandon du logiciel ? 470 millions d’euros, mon général !
Et rebelote ! Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a, lui, décidé de débrancher définitivement Sirhen, le logiciel de gestion des personnels de la maison, qui n’en finissait pas de bugger (« Les Echos », 20/7).
Lancé en 2007, ce système informatique avait été initialement conçu pour prendre en charge les ressources humaines des 850 000 enseignants et la préparation des rentrées scolaires. Coût estimé : 60 millions d’euros. Mais l’informatique a ses raisons que la raison ne connaît point. Au fil des années, les développements du logiciel se sont multipliés tant et si mal que la facture de Sirhen s’élève aujourd’hui à… 320 millions d’euros ! Cerise sur le mille-feuille : le système n’est capable de gérer la paie que de 18 000 fonctionnaires, à des années-lumière des 850 000 prévus dans le devis initial…
Blanquer l’assure : Sirhen sera remplacé par un dispositif « plus agile et plus efficace au bénéfice de notre mission de service public ».
Chiche !
Louvois et Sirhen ne sont pas les seuls logiciels de gaspillage d'argent public… À force de recourir massivement à des cons sultans (consultant⋅e⋅s) temporaires qui ignorent le contexte et aux mêmes grosses sociétés commerciales rigides (Capgemini dans le cas présent) qui veulent juste faire du fric…
Dans le Canard enchaîné du 25 juillet 2018.