Dans l'émission télévisée Quotidien du 14 mars 2024, François Sureau (dont j'admire plusieurs causeries) a exprimé une position intéressante sur l'euthanasie. Je mets à disposition un extrait, et je résume ce que j'ai compris ci-dessous.
On peut être favorable à la liberté de choisir sa mort et à celle de demander à quelqu'un de nous assister dans cette démarche sans pour autant être favorable à ce que cela passe par un dispositif / une procédure étatique. Ne pas déléguer à l'État l'exercice de cette liberté-là, corollaire du droit à la vie. Est-il légitime que l'État organise la mort d'une personne en recourant à un tiers ? Faut-il demander à l'État la validation d'une énième chose ? Une telle délégation, servant aujourd'hui le noble principe « aider quelqu'un à mourir » servira, demain, à des intérêts tout autre, du type une commission d'experts (de médecins) qui déclarera qu'il faut aider untel à mourir car ses soins coûtent trop chers à la collectivité. Comment procéder, alors ? Par une déresponsabilisation pénale de la personne qui a aidé à mourir.
Je me suis interrogé : faut-il déresponsabiliser via des dispositions législatives nouvelles ? Comment prouver qu'une personne voulait mourir ? Avait-elle toute sa tête ? N'était-elle pas dans une mauvaise passe ? Pouvait-elle exprimer librement son choix ? Témoignages ? Ne sont-ils pas viciés (tel membre de la famille témoignera que la personne ne voulait pas mourir alors qu'un autre témoignera du contraire) ? Badinter, à qui Sureau fait référence, qui n'était pas favorable à euthanasie, semblait vouloir traiter la question par le juge judiciaire qui requalifierait un assassinat en assistance à mourir, et acquitterait l'auteur. Et, au final, ces questions de la preuve sont déjà au cœur des procès pénaux, donc rien de neuf, donc pas besoin de nouveaux outils…
Mais est-ce bien sûr ? Je n'aime pas l'aspect "pas vu pas pris", ni le courage nécessaire pour l'aidant qui, de fait, réduit la possibilité de mourir. Après tout, une femme peut avorter dans l'ombre, et sans demander à l'État d'organiser l'IVG sur le territoire, mais ce n'est pas satisfaisant. Dans le cadre de l'euthanasie, les questions de l'accès aux produits et de la bonne administration de la mort (pas de souffrances, etc.) reste entière si l'on part sur une exception à la responsabilité pénale.
Sureau s'est également exprimé sur l'idéologie du RN (extrait ici) qui, en réalité, exprime un manque de confiance en la France, une vision défaitiste d'une France qui ne saurait exister dans le monde actuel, changeant, qu'en rejetant les étrangers (au motif qu'elle ne serait plus capable de les intégrer), qu'en enfermant à vie les coupables ou en leur tranchant la tête (car elle ne croit plus le système pénitentiaire capable de les rédimer), qu'en rejetant l'UE, ceci, cela. Ainsi, le patriotisme, pourtant défendu par ce parti, s'oppose à cette idéologie. Le RN est déjà-là, ses idées ont déjà été incorporées, depuis des décennies et par pans entiers, dans le droit pénal, dans le droit des étrangers, etc. Ceux qui s'inquiètent, s'indignent, se révoltent de l'arrivée au pouvoir du RN l'ont préparé par acculturation. Incompétence du RN ? Quid du gouv' actuel (dette, système éducatif en ruine, système de santé contestable) ? Analyse classique, en somme.
Sur les JO, Aya Nakamura, etc. Extrait ici. (En ce qui me concerne, la position de Larcher sur Nakamura durant cette polémique stérile m'aura fait découvrir le mot d'argot « catchana ». Sur l'œuvre de Nakamura, je renvoie à une parodie du Palmashow.)
Personne n'a qualité pour dire qui est Français, pour fermer la France sur quelque chose. L'identité nationale, décidée dans des conclaves présidés par des préfets qui expliqueraient que si vous aimez le camembert, vous êtes Français, mais que si vous aimez Aimé Césaire, vous ne l'êtes pas nécessairement, est une idée que Sureau a vu naître sous le sarkozisme (elle me semble bien antérieure). Être Français, c'est faire son devoir. On aime la langue française ? On ne bannit pas untel ou untelle mais on écrit de très grands livres en français, on y incorpore de nouveaux mots et des choses modernes.
Je n'aime pas les JO depuis les jeux de 36. C'est l'apothéose de la thune et du nationalisme le plus bas encadré par des organisations généralement corrompues auxquelles, pour qu'elles acceptent de venir embouteiller le centre de Paris, les gouvernements successifs ont consenti à l'existence de tests génétiques sur le territoire national [ pour la lutte contre le dopage, les anciens tests de féminité, etc. ], auxquels le juge se refusait depuis 40 ans.
Il a oublié : apothéose de la compétition pour la compétition.