C'est mignon, ces prétendus journalistes qui ne savent plus quoi inventer pour décrédibiliser un mouvement (qui n'a pourtant pas besoin d'aide extérieure pour se décrédibiliser) : les slogans antiflics dans les manifestations sociales existent depuis des décennies… Même dans les manifestations tranquilles du 1er mai. Il n'y a qu'à voir les slogans habituels de la CNT (syndicat). Slogans choisis. « Goutte par goutte, litre par litre, nous saignerons tous les matons. » « Les flics sont des porcs, on est carnivore. » « Pétain, reviens, t’as oublié tes chiens ! » « L’aboutissement de toute pensée, c’est le pavé dans la gueule du condé ! ». « CRS SS. ». Cette façon de monter en épingle des pratiques habituelles afin de noyer le poisson m'énerve… Ces réactions illustrent bien l'aspect chiens de garde de l'ordre économique, social, politique établi des journaleux et des éditorialistes.
Quant à savoir si je cautionne ces slogans… Comme tout un chacun, le flic choisi son camp. Il a choisi d'être un oppresseur, d'être le chien du berger qui maintient le troupeau, d'être le gardien qui veille à ce que rien change. Tout ça pour l'adrénaline qui découle d'un autoritarisme jamais assumé mais toujours présent. Tout choix s'assume.
Quand il s'agit de faire son travail sans abuser de son autorité, il n'y a plus personne. Quand il s'agit de se remuer pour coffrer un cambrioleur, il n'y a plus personne. Quand il s'agit de recevoir, avec empathie, les plaintes et les signalements pour viols ou pour violence conjugale, il n'y a plus personne. Quand il s'agit de prendre une plainte pour délit de fuite suite à un accident de voiture sans accueillir le plaignant sur un ton déplaisant « si ça vous fait plaisir [ de porter plainte ]… », il n'y a plus personne. Quand il s'agit d'intervenir dans les cités chaudes, il n'y a plus personne. Quand il s'agit d'identifier l'origine d'une violente dispute dans un immeuble privé sans créer un rapport de force avec la possible victime en jouant de son autorité, sans encercler un voisin qui émet une remarque sur ce comportement ni lui hurler dessus au mégaphone, là aussi il n'y a plus personne. Quand il s'agit de tirer une foule au LBD, d'exploser des citoyens à la grenade et de matraquer des pacifistes, les fauves reprennent du service. Deux poids, deux mesures. Immonde lâcheté. Lecteur, ne vient pas me dire que je ne sais pas de quoi je parle : pour les avoir vus se dérouler près de moi, j'ai signalé à l'IGPN plusieurs des comportements sus-mentionnés en lettre recommandée avec accusé de réception. La réalité m'a fait perdre l'espoir que la flicaille puisse être autre chose qu'une force d'oppression assermentée.
Depuis quand peut-on scander que quelqu'un dont on estime qu'il a mal fait son boulot devrait se suicider ? Pour moi, cela dépend des responsabilités et du pouvoir de nuisance de la fonction. Un flic peut nuire gravement (LBD, préservation forcenée de l'ordre établi, abus de pouvoir, etc.), donc il me semble légitime d'opposer une violence (psychologique) à une violence policière permanente.
À toute fin utile, je rappelle que la résistance à l'oppression est l'un des droits naturels et imprescriptibles des humains (article 2 de la Déclaration de 1789) et que ceux-ci doivent être garantis par le pouvoir en place. Lorsque la violence (morale dans le cas présent) est le seul procédé qui produit encore un (maigre) résultat (quand les élections, les débats, les consultations publiques, les budgets participatifs, les manifestations pacifiques, etc. sont sans effet), alors elle est légitime car elle constitue le dernier salut face à l'oppression rampante dont les flics sont les instruments.