Logiciel espion Pegasus :
- Mediapart et le Canard ont porté plainte contre X pour l'espionnage de leurs journalistes via le logiciel Pegasus. La loi de 2010 sur le secret des sources ne prévoit pas de sanction… Le procureur a donc ouvert une enquête pour atteinte à la correspondance privée, à la vie privée, à des systèmes informatiques, etc. « Un peu comme si, après un hold-up, on poursuivait le voleur pour excès de vitesse dans sa fuite ». Le Canard a donc choisi la qualification d'atteinte à la paix publique qui englobe notamment l'entrave aux libertés fondamentales, dont la liberté d'expression, qualification prévue au titre III du Code pénal ;
- L'usage de Pegasus par des États étrangers (comme le Maroc) contre des français (y compris Macron) était resté inconnu des services de renseignement français. Par ailleurs, dans le cadre des captations de données informatiques judiciaires et administratives prévues par la loi, nos services avaient comparé le logiciel de plusieurs sociétés commerciales, dont NSO (éditeur de Pegasus), avant de choisir deux systèmes concurrents français dont l'un est agréé par l'ANSSI (son nom n'est pas mentionné). Ces captations sont effectuées par le service national de captation judiciaire de la DGSI. Source : Canard du 28/07/2021 ;
- Pour atteindre ses cibles Pegasus utilise a minima le phishing personnalisé (source : le docu Terror Contagion de Laura Poitras cité par le Canard du 21 juillet 2021). Exemple : MBS, prince-héritier d'Arabie Saoudite aurait envoyé un email de phishing à Jeff Bezos, le patron d'Amazon alors que les deux étaient en froid (je pense plutôt que l'email n'a pas directement été émis par le smartphone de MBS et qu'il a usurpé l'adresse emails de ce dernier, comme tout spam qui se respecte). Peu après, une infidélité de sa part est publiée dans la presse… Le Canard ne dit pas que Pegasus est la source de l'info mais note la coïcidence. Khashoggi, journaliste saoudien aurait été piégé par son portable infecté par Pegasus d'après Omar Abdulaziz, dissident exilé au Canada allié à Khashoggi. Leurs échanges, montrant que Khashoggi finançait Abdulaziz aurait précipité l'élimination de Khashoggi. Source : le film The Dissident cité par le Canard du 21/07/2021. Dans le numéro 163 (avril 2022) des Dossiers du Canard, on apprend que, d'après le Washington Post, Khashoggi s'apprêtait à prendre la tête du Mouvement des abeilles fondé par Abdulaziz en réponse à l'essaim des « mouches », des officiels du royaume chargés d'inonder les réseaux sociaux de propagande nationaliste et de pourrir les « traîtres » ;
- Facebook a intenté un procès à NSO, l'éditeur de Pegasus, qui a profité d'une vulnérabilité dans WhatApps pour installer son mouchard. FB est soutenu par Google, VMWare, Microsoft et Cisco (qui ont produit des argumentaires devant les tribunaux). Évidemment, la position de chevalier blanc de la vie privée est pipeau : FB était entré en contact avec NSO dans le but d'espionner les utilisateurs de son VPN maison sous IOS (ce qui explique pourquoi Apple ne soutient pas l'action en justice de FB ?). Source : Canard du 6 janvier 2021 ;
- Infos diverses sur Pegasus récoltées dans L'année Canard 2021. 50 k personnes espionnées dans le monde (sur quelle période ? comment le sait-on ?). Politicnes, avocats, militants, journalistes, etc. Palmarès des pays qui espionnent leurs opposants : Inde, Mexique, Hongrie, Arabie Saoudite. Dominique Simonnot, du Canard, avait consacré, en 2015, des articles sur le chef des services de sécurité du Maroc, Hammouchi, donc le Canard fait le lien avec sa mise sous écoute via Pegasus (mouais, léger). Le gouvernement d'Israël prétend y être pour rien, mais NSO emploie 200 ex-membres de l'unité 8200 de Tsahal (armée), unité spécialisée dans le cyberespionnage, et les exportations du logiciel sont contrôlées par le sinistère de la Défense (comme Amesys en France, quoi) ;
- D'après le Canard du 09/11/2022, selon la délégation parlementaire au renseignement, un millier de lignes téléphoniques françaises ont été écoutées. Lignes = smartphones ? Sur quelle période ? L'article du CoinCoin ne le dit pas ;
- D'après le Canard du 01/11/2023, qui s'appuie sur le livre Pegasus - Démocraties sous surveillance : à l'origine, il y avait une liste de 50 000 numéros de téléphone supposés correspondre à des personnalités espionnées par NSO. Aucune idée sur qui l'a constituée, quand, et sur quels critères. Idem pour la motivation de la source des journalistes. Durant 5 ans, 80 journalistes dans le monde vont authentifier un millier de numéros (2 % de la liste, donc). Les victimes "accessibles" (pas Macron, quoi) sont contactées, et une expertise technique est réalisée sur leur smartphone par deux employés d'Amnesty International. Une soixantaine en 5 ans. 85 % sont infectés. Par la suite, l'ANSSI et la DGSI confirmeront l'infiltration de 23 personnalités françaises (de premier rang, à mon avis).