Jusqu'au bout, la France aura été àla traîne dans les négociations qui ont abouti à l’annonce, le 13 février, de l’interdiction définitive de la pêche électrique dans les eaux de l’Union européenne à partir du… 1er juillet 2021. Une éternité pour les fileyeurs français, ceux de Boulogne-sur-Mer notamment, épuisés par cette guerre de la pêche qui remonte à 1998. D’ici à l’échéance, les plus vulnérables auront largement le temps de couler. Car, en attendant de se « reconvertir », le déloyal « ennemi » néerlandais va pouvoir continuer d’écumer sans vergogne les ressources en poisson plat de la mer du Nord avec cette technique radicale, interdite dans de nombreuses parties du monde…
« Heureusement, note Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom (lire « Plouf ! », 30/1), dans les mois qui viennent, les Hollandais devront renoncer à leurs licences illégales, soit aux trois quarts environ de leurs 84 chalutiers électriques. »
Chalut à toi !
N’empêche : « On aura deux ans de retard sur l’agenda envisagé par le Parlement européen, qui, vu les dégâts « sur l’écosystème, souhaitait la prohibition de ce ravage des fonds marins dès 2019 », fulmine un député Vert. La faute à la France pas pressée — comme pour le glyphosate ? —, qui n’a jamais considéré ce dossier comme une urgence absolue et a voulu ménager les Pays-Bas dans les ultimes marchandages entre Etats membres. Cela n’a pas empêché le gouvernement de présenter comme un triomphe une concession marginale qui fait rire (jaune) les professionnels : l’interdiction d’utiliser les filets électriques dès à présent dans les eaux territoriales françaises.
Comme si le poisson allait s’arrêter à la frontière… À 12 milles marins (environ 22 km) des côtes tricolores.
Dans le Canard enchaîné du 20 février 2019.