Macron a été aussi agile et rapide que Mamoudou Gassama, ce Malien de 22 ans qui, au péril de sa vie et à la force du poignet, a escaladé la façade d’un immeuble parisien pour sauver un enfant de 4 ans et demi, suspendu dans le vide. Après cet exploit, le jeune homme était récupéré, en urgence, sous les ors de l’Elysée, dûment assis en face du Président, qui lui garantissait la nationalité française dans les meilleurs délais. Et une belle médaille. De leur côté, les pompiers de Paris faisaient savoir qu’ils étaient prêts à embaucher le courageux sans-papiers. Séquence émotion…
Et joie sans mélange ? Pas vraiment. A droite, la mauvaise humeur était palpable. Va pour Mamoudou, mais il ne faudrait pas que trop de clandestins se mettent à sauver des gosses… Après Lassana Bathily, qui, le 9 janvier 2015, a sauvé des otages de l’Hyper Cacher, cela fait deux clandestins valeureux régularisés en trois ans. Honni soit qui Mali y pense ! Faut-il fixer des quotas de héros ou imposer une épreuve d’escalade aux candidats à la naturalisation ? La France peut-elle accueillir tous les Spiderman du monde ? Vaines questions : l’essentiel est d’avoir de temps à autre notre « bon » migrant couvert de lauriers, preuve que la France est un pays ouvert et généreux.
À l’Elysée, lundi, Mamoudou Gassama a remercié le Président, mais aussi Dieu. Et Macron ne s’est même pas vexé. C’est dire si nous venons de vivre un moment exceptionnel.
Énorme +1. Tout ça n'est que pure hypocrisie. D'où il faut être méritant⋅e pour obtenir la nationalité ?! D'où il faut être méritant⋅e pour vivre ?! Dégueulasse.
Dans le Canard enchaîné du 30 mai 2018.