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- Dans le numéro 94 (juillet-septembre 2020), Ruffin justifie sa boulimie d'activités simultanées (député, film, livres, manifs, etc.) par le fait qu'un militant est irremplaçable, que ce qu'il fait, personne d'autre le fera. Je suis d'accord, mais je pense qu'il en va de même dans le salariat (Ruffin écrit l'inverse et le justifie par les écoles et la formation qui sont conçues pour rendre remplaçables les personnes, en oubliant l'organisation du travail et sa division qui concourent au même objet). De même, deux expressions m'ont toujours profondément agacé : « personne n'est irremplaçable » et « si c'est important, quelqu'un le fera ». On entend la première plutôt dans le salariat, et la deuxième plutôt dans l'associatif. Les deux sont du pipeau. Chaque personne est irremplaçable. Pas par le boulot qu'elle produit même si deux personnes ont jamais strictement le même niveau de compétences, mais surtout par sa manière de le faire (gentillesse, communication, priorité qu'elle accorde, etc.), sa sensibilité / l'angle d'attaque qu'elle retient pour le faire, l'historique (voir) / les choses vécues ensemble, les liens sociaux que chaque autre personne du collectif tisse avec elle, etc. Il y a une alchimie unique, un collectif qui fonctionne… ou non. Tout départ est une perte, à laquelle on pallie et on s'habitue, comme le décès d'un proche, certes, mais il y a tout de même une perte. De même, quelque chose peut être important et ne pas être fait par peur, par ignorance de la manière de s'y prendre, par flemme, par résignation, etc. Exemple ? Lutte contre le réchauffement climatique. Mais c'est toute l'histoire des luttes sociales, des acquis sociaux, selon moi ;
- Durant le Covid, les médias ont passé beaucoup de temps à plaindre une prétendue jeunesse sacrifiée. Dans le numéro 97 (février-avril 2021), un lecteur de 46 ans fait remarquer qu'à son époque, la jeunesse n'était pas non plus que rencontres, amour et amitié, qu'il restait dans sa piaule du CROUS par manque de moyens (et pour étudier), et que la peur du chômage et de l'avenir était déjà bien là. Étant d'une autre génération, j'appuie ces propos : laisser croire que tout était idéal pour la jeunesse avant le Covid, faut pas charrier. Mais, oui, je reconnais que le Covid a amplifié les problèmes existants, mais pas que pour la jeunesse ;
- Le numéro 97 nous parle des études / rapports qui tentent d'évaluer l'utilité sociale des métiers. Est retenu celui de 2009 pour la New Economics Foundation, un think tank écolo britannique. L'employée de crèche, par l'éducation et les soins prodigués, ainsi que par le temps libéré aux parents (ce qui gâche un peu la mesure) rendrait à la société 9,43 fois son salaire. Le conseiller fiscal détruirait 47 fois plus de valeur qu'il en créerait. Agent de recyclage : 12 livres sterling de valeur générées pour une livre de salaire. Le publicitaire détruirait 11,50 livres à chaque fois qu'il encaisserait une livre (sa démarche génère de la consommation, donc de la production, des emplois, du transport, etc., mais aussi de l'endettement du consommateur, de la pollution, de l'obésité, etc.). Agent de nettoyage spécialisé à l'hosto ? 1 livre de salaire = 10 livres de valeur (réduction des risques d'infection nosocomiales et des complications). Chiffres à prendre avec autant de pincettes que ceux concernant la pollution générée par le numérique, car celui qui arrive à inventorier toutes les externalités négatives et positives, par rebond, d'une activité puis à les chiffrer, il est très fort. Sans compter le biais idéologique du client (tu ne vas pas dire à un think tank écolo qu'un agent de recyclage détruit de la valeur). Mais ça donne une idée.
Fri Aug 19 21:26:49 2022 - permalink -
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