Pourquoi s’alarmer ? Si, le 12 mai, alors que Macron venait juste d’être élu, Mathieu Jeandron, le directeur du numérique pour l’Education, a déclaré qu’il n’émettait « pas de réserve générale » sur l’arrivée de Google et compagnie dans les établissements scolaires et universitaires, c’est que tout baigne, non ? Pourquoi les syndicats d’enseignants, les fédérations de parents d’élèves, la Ligue des droits de l’homme grimpent-ils aux rideaux (« Le Monde », 24/8) ?
Les multinationales américaines veulent faire chez nous ce que Google vient de réussir en Suisse (« Le Temps », 26/6) : tout offrir gratis aux élèves. Des applications en ligne, des « outils collaboratifs », des tablettes à prix cassé… Cadeau !
Certes, cette évangélisation a un but : convertir les jeunes têtes blondes à l’usage massif de Google, Apple , Facebook, Amazon et Microsoft. Et permettre à ces géants du Web de s’emparer, à l’occasion, de juteuses montagnes de données personnelles.
Quoi ? les données scolaires sont aussi sensibles que les données médicales ? Quand Google connaîtra le parcours scolaire de chaque élève, ses bulletins, son nombre d’heures de colle, ses mauvaises notes en maths, et qu’il vendra tout ça au Medef, ça créera quelques petits problèmes à l’embauche ? Mais non, voyons. Puisqu’on vous dit que l’ordinateur à l’école c’est l’avenir…
Dans le Canard enchaîné du 30 août 2017.