Il va être encore moins facile pour le gouvernement d’expliquer pourquoi il veut privatiser Aéroports de Paris (ADP). La boîte, qui gère notamment Roissy et Orly, vient en effet de publier ses résultats, et ils sont excellents. Propulsé en 2018 numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire (« Le Figaro », 15/2), ADP a vu son bénéfice progresser de 6,9 % en un an. Tout comme le dividende qu’il va verser à l’Etat ‘ environ 180 millions.
C’est là que le bât blesse. Le gouvernement prévoit de vedre ses 50,6 % du capital d’ADP pour environ 7,5 milliards (après indemnisation des actionnaires minoritaires) et de les placer à 2,50 % pendant cinquante ans pour financer des start-up innovantes.
Mais ce revenu — environ 185 millions, soit le montant d’ores et déjà atteint par le dividende en 2018 — restera fixe pendant un demi-siècle. Au contraire du dividende, qui, lui, n’arrête pas d’augmenter. Il a ainsi plus que doublé en dix ans (82 millions en 2009) et a de très beaux jours devant lui : ADP prévoit d’augmenter de moitié le nombre de ses voyageurs d’ici à 2030. L’Etat va donc enregistrer un manque à gagner de plus en plus important au fil des ans.
Il y a au moins un talent qu’on ne peut enlever à l’Etat : se faire rouler des qu’il privatise ses pépites.
Gros +1, malheureusement…
Dans le Canard enchaîné du 20 février 2019.