Smartphones, box internet, box TV, ordinateurs, consoles de jeux vidéo, TV connectées, objets connectés … L'Autorité publie une première analyse sur l'influence que peuvent avoir les terminaux sur la capacité des utilisateurs à accéder à internet
Cette étude de l'ARCEP est tout à fait lisible par le commun des mortel⋅le⋅s et il y a de jolies infographies bien pensées, donc j'en recommande la lecture (si t'as un peu de temps à perdre).
Selon moi, ce travail de recherche est de qualité. L'ARCEP a plutôt bien compris les enjeux qui découlent de la liberté de choisir son terminal d'accès à Internet : entraves à la concurrence, vie privée, etc. Néanmoins, il lui manque les angles d'analyse suivants : choisir mon terminal = contrôle de mon réseau domestique privé, choisir mon terminal met fin à la location forcée et la liberté de choisir le terminal est une garantie que les atteintes à la neutralité des réseaux ne seront pas réalisées par le terminal au lieu d'être réalisées par le réseau (puisque c'est désormais censé être interdit).
Pour moi, le gros point noir est le passage quasiment sous silences de la box des accès à Internet fixe. Peut-être que l'avenir est à l'Internet mobile, mais, comme le relève elle-même l'ARCEP, l'Internet mobile n'est pas un outil de production de contenus (car pas d'IP publique, car pas d'IPv6, car pas de clavier & compagnie) mais de pure consommation, ce n'est donc pas Internet au sens du règlement européen sur la neutralité des réseaux. Donc, aujourd'hui, les box posent des problèmes que l'ARCEP se refuse de lister et à travailler dessus. Elle préfère faire des analyses dans des domaines pour lesquels elle n'est pas mandatée par la loi donc pour lesquels elle n'aura / ne pourra rien à faire, c'est beaucoup plus simple ainsi. Pourtant, cette étude aurait été l'occasion parfaite pour définir la vision de l'ARCEP de ce qu'est l'interface publique du réseau des FAI (et donc, par exclusion, ce que l'abonné⋅e peut changer à sa guise) : le modem / le convertisseur fibre (approche la plus cohérente) ou la box ou bien… À ce sujet, voir : Liberté de choix du terminal sur le blog de FDN. Dans le même temps, l'ARCEP évoque la (absence de) concurrence entre les systèmes mobile, entre les magasins d'applications (et leur politique éditoriale parfois restrictive), entre les navigateurs (WTF ?! Internet != web !), les plateformes dites collaboratrices (l'ARCEP cherche-t-elle à réguler le contenu ?!), etc. Autant de sujets importants, mais qui dépassent le cadre de ses missions.
Autre point faible, l'ARCEP considère qu'il y a des problèmes avec les box des réseaux fixes uniquement pour les utilisateur⋅rice⋅s avancé⋅e⋅s… Mais bien sûr… L'offre de téléphonie d'OVH, par exemple, est aussi facile à utiliser que celle du FAI. Pourtant elle ne sera pas privilégiée par la box (ni par l'opérateur) donc elle saccadera. C'est une atteinte à la concurrence parfaitement compréhensible par n'importe quel⋅le citoyen⋅ne. Après, que le⋅a citoyen⋅ne ne voit pas en quoi c'est grave de remettre tous ses moyens de communication entre les mains des mêmes grosses sociétés commerciales, c'est autre chose…
Enfin, il y a quelques erreurs techniques :
Ce travail est un premier jet. L'ARCEP souhaite écouter tous les acteurs du milieu dans les 6 prochains mois avant de produire un rapport plus complet.