Des ceintures d'arbres aux États-Unis (1934), en Chine (1978) et en Afrique (2007) afin de lutter contre l'avancée des déserts, les vents de poussière et de sable ainsi que les inondations. Ces initiatives sont hallucinants : 220 millions d'arbres sur 30 000 km² par-ci, 66 milliards sur 500 000 km² (!!!) par-là, et encore 117 000 km² par là-bas. :O
Nous connaissons la propension des hommes à élever des murs entre eux. Nous les connaissons moins comme bâtisseurs de murs naturels, ou plus précisément comme planteurs d’arbres et d’espèces de plantes variés pour contrer les catastrophes écologiques. Les great green wall (« grands murs verts ») empêchent la dégradation des sols. Le premier exemple remonte aux années 1930.
États-Unis
Le projet Shelterbelt a été mis en œuvre pour contrer le Dust Bowl dans les années 1930. Ce vent de poussière destructeur dont l’origine provient de la sécheresse couplée au surlabourage. La terre des plaines du Sud situées à cheval sur le Texas, l’Oklahoma, le Kansas et le Colorado fut ravagée pendant la décennie surnommée Dirty Thirties. Privés de nourriture et plongés dans la misère, des millions d’Américains avaient été contraints de fuir vers l’ouest. John Steinbeck tira son roman Les Raisins de la colère de cet épisode tragique. Sommé de réagir, Roosevelt créa l’une des premières agences environnementales du pays, qui a lancé la plantation de 220 millions d’arbres sur une ligne allant du Canada au Texas, soit une superficie de 29 900 km² pour une largeur de 160 km. Quatre-vingts ans plus tard, cette réalisation constitue l’acte le plus abouti du gouvernement américain pour répondre à une crise écologique.
1934-1942. 8 ans pour planter 220 millions d'arbres.
Chine
Durant le Grand Bond en avant initié par Mao Tsé-toung, les Chinois ont rasé des pans entiers de forêts et anéanti la biodiversité, provoquant la Grand Famine et une augmentation de la température de 2 °C en cinquante ans. Le désert de Gobi tout proche a pu dès lors avancer à sa guise, détruisant les prairies à coup de tempêtes de sable et provoquant des inondations à répétition. 400 millions de Chinois sont aujourd’hui encore concernés. En 1978, l’État prit ses responsabilités et décida de planter une barrière de 4480 km au sud de la Mongolie. Un édifice colossal censé se terminer en 2074. Le défi est si grand qu’en 2018, 60 000 soldats ont été appelés pour s’occuper de 84000 km² (l’équivalent de la superficie de l’Irlande). Aujourd’hui, malgré quelques ratés, 66 milliards d’arbres ont été plantés. D’après les images de la Nasa, 5 % de la superficie du pays est devenue plus verte depuis deux décennies. Pour autant, l’empire du Milieu demeure le plus gros pollueur au monde et ses émissions de CO2 continueront d’augmenter jusqu’à 2030, au moins.
Il s'agit de la Grande muraille verte de Chine.
Un projet similaire est en cours en Afrique : la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel.
Dans le Siné Mensuel de juillet-août 2019.