Quel général entraînera à sa suite ce patronat de combat ? En réponse à l’article du « Canard » (19/7) annonçant son projet de départ anticipé de la présidence du Medef, Pierre Gattaz a assuré à l’AFP (20/7 ) qu’il resterait en poste, « comme prévu, jusqu’en juillet 2018 » et que la campagne de succession « ne débutera[it] qu’en janvier ». Étonnant, quand on sait que le patron du Medef a déjà convoqué pour le 13 septembre le comité statutaire de l’organisation patronale. Au menu ? Sa succession, pardi !
« Pierre Gattaz veut obtenir une modification des statuts pour permettre à Jean-Dominique Senard de se porter candidat sans risque de se faire retoquer », explique un fin connaisseur des arcanes patronaux. Le président du groupe Michelin, qui a soufflé ses 64 bougies en mars, part avec un petit handicap. Le Medef a en effet fixé l’âge limite de son président à 65 ans…
Le patron des patrons a trouvé la parade : plutôt que de repousser l’âge du capitaine, il compte proposer une « réinterprêtation » des textes. Ainsi, toute personne pourrait se présenter au mandat de président tant qu’elle se trouverait dans sa… soixante-cinquième année !
Le boss du Medef est prêt à toutes les concessions juridiques pour convaincre Jean-Dominique Senard — réputé proche de Macron — de prendre le job. Ainsi, à l’occasion de l’université d’été des patrons, qui se tiendra à Jouy-en-Josas à partir du 29 août, il a convié le président de Michelin à ouvrir la conférence de 20 heures. Le thème : « Quelle équipe de France pour conquérir le monde ? »
Conquérir la croissance et l’emploi serait déjà un bon début…
Ouais, quand les règles ne permettent pas de satisfaire une envie personnelle ou une lubie collective à la mode, on les change brutalement ou on fait mine de les comprendre différemment tout en faisant appel au bon sens pour asséner que l'interprétation originale est désuète. Ça marche aussi bien chez les élu⋅e⋅s qui modifient la loi (voire la Constitution) à l'arrache que dans les associations qui modifient leurs Statuts à l'arrache. Bref, je n'ai pas plus envie que ça de cracher sur le Medef sur ce point, ce shaarli est plutôt une illustration d'une pratique qui m'insupporte et que j'espère voir disparaître… aussi bien dans la petite asso du coin que chez nos élu⋅e⋅s que dans la grosse structure représentative.
Dans le Canard enchaîné du 16 août 2017.