Rien ne vaut le dernier jour d’une session parlementaire, à la veille des grands départs en vacances, pour enterrer, ni vu ni connu, une promesse présidentielle. Lors de la campagne électorale de 2017, le candidat Emmanuel Macron s’y était formellement engagé : « Nous ouvrirons les droits à l’assurance-chômage aux salariés qui démissionnent. » Une promesse réaffirmée dans le programme législatif de son parti, qui précisait ainsi ses contours : « Tous les cinq ans, chacun y aura droit s’il choisit de démissionner pour changer d’activité ou développer son propre projet professionnel. »
Un peu plus d’un an est passé et, le 1er août, la ministre du Travail a fait adopter par les députés un texte qui vide de toute substance l’engagement de l’ex-candidat Macron. Grâce à une multiplication des critères techniques permettant de bénéficier dudit chômage, seuls 20 000 a 30 000 « démissionnaires », selon l’aveu même de Muriel Pénicaud, à la tribune de l’Assemblée, pourront s’affilier à l’Unédic. Un chiffre qui inspire ce commentaire au « Monde » (2/8) : « Il témoigne de la portée très limitée de la mesure ! » C’est le moins que l’on puisse écrire. Surtout s’il est comparé à celui des démissions : 1 million par an !
Lors de cette même campagne électorale, le même Macron avait pris un autre engagement, que le quotidien (2/8) lui rappelle aussi : « Nous permettrons à tous les travailleurs d’avoir droit à l’assurance-chômage. Les artisans, les commerçants indépendants, les entrepreneurs, les professions libérales et les agriculteurs disposeront, comme les salariés, de cette protection. »
Une question se pose aujourd’hui : faudra-t-il attendre le dernier jour de la prochaine session parlementaire, à la veille des vacances de Noël, pour que cette autre promesse subisse le même escamotage ?
Dans le Canard enchaîné du 8 août 2018.