Bienvenue dans le monde du micro-dopage. J'en comprends toujours pas l'intérêt à part pour faire vivre des événements sportifs qui rapportent des centaines de millions d'euros voire des milliards… Le sport, un business comme un autre. Le dopage, un moyen comme un autre de faire prospérer ce business.
Le cyclisme n’est décidément plus ce qu’il était : désormais, deux Français — Pinot et Alaphilippe — sont en mesure de remporter le Tour, et, plus incroyable encore, aucune affaire de dopage n’est venue entacher l’édition 2019, du moins pour l’instant.
Ah ! comme il paraît loin, le bon temps de l’EPO, du gouleyant pot belge, des seringues retrouvées dans les poubelles, des coureurs faisant des pompes la nuit dans les couloirs d’hôtel afin de se calmer un peu, des vedettes obligées de freiner dans les virages en montant. Comme elle était savoureuse, cette affaire Festina, avec son soigneur dévoué, Willy Voet, il y a vingt et un ans. On savait se marrer, à l'époque !
Désormais, tout fout le camp. Nos champions marchent à l’eau claire, ou presque, et ne dépassent même plus les motos. Tout juste l’équipe Jumbo-Visma a-t-elle admis — même pas à l’insu de son plein gré — consommer des corps cétoniques, parfaitement autorisés par l’Agence mondiale antidopage (AMA), et dont l’efficacité paraît pourtant aléatoire.
« Selon les experts, les tricheurs sont en minorité dans le peloton et recourent à des microdoses, indétectables mais aux effets incertains », écrit « Le Monde » (17/7). Un coup à arriver sur les Champs-Elysées seulement mardi ou mercredi ! « Les choses se sont considérablement améliorées (…), il n’y a plus de mise en danger de la santé. On est davantage dans le microdosage », assure l’Agence française de lutte contre le dopage. « Le Monde » résume : « Se doper exige plus d’astuce et d’encadrement, mais c’est encore possible. » Ouf !
La France retient son souffle. Une victoire tricolore dimanche prochain gâchée par une micro-affaire de dopage, c’est encore possible ?
Dans le Canard enchaîné du 24 juillet 2019.