Pour les citadins les autoroutes de l'information sont une réalité qu'ils empruntent tous les jours. Mais pour nous, braves gens de la campagne, comment voulez-vous aller surfer sur le net lorsque vous n'avez même pas accès à une ère de péage ?! Souvenez-vous, il y a vingt ans tout juste, Philibert Prenions, dynamique entrepreneur venu de la capitale, venait d'installer son siège social à Pruterie en plein Groland du bas.
‒ Avec le télétravail, finies les galères de transport en commun ! Finis les loyers de bureaux hors de prix de Groville. Un TGV, un téléphone portable, une connexion internet et roule ma poule !
Roule ma poule, c'est le nom de son entreprise. Joli pied-de-nez. Si Bill Gates a commencé dans un garage, Philibert, lui, s'est installé dans un ancien poulailler industriel avec pour ambition de révolutionner la vente par internet. Vingt ans plus tard, c'est l'heure du bilan.
‒ Déjà, en ce qui concerne la gare TGV de Pruterie, elle a été supprimée pour permettre aux TGV de joindre Groville à Mufflins en moins de deux heures. Pour Internet, c'est comme l'autoroute : ça relit les grandes villes mais nous, tout ce qu'on peut faire c'est de creuser des trous pour voir passer les câbles haut-débit. Et pour la téléphonie, les opérateurs ont préféré les actionnaires aux investissements résultat j'ai plus de réseau ni chez Est-sans-faire ni sur Orage ni sur Friture et comme il ya plus de cabines ben… Je peux pas déménager, ma baraque vaut plus rien. Du coup, je me démerde tout seul. *Un homme avec une parabole sur la tête et des panneaux solaires aux bras apparaît* J'ai le téléphone et Internet mobile grâce à ma parabole satellite et mes panneaux photovoltaïques me donnent l'électricité. Je voulais être indépendant, c'est réussi !
Vous avez un conseil à donner ?
‒ Ha beh de ne pas baisser les bras… beh surtout pour moi : si je baisse les bras, j'ai plus de jus. Si je baisse la tête, j'ai plus de réseau. Oui, excusez-moi, j'ai plus qu'une barrette. Oui allô madame, oui, bien sûr que vous avez notre offre dans votre…
C'est un choix. Comme le dit si bien Charles Baudelaire dans son poème l'Albatros : le poète est semblable au prince des nuées qui hante la tempête et se rit de l'archer. Exilé sur le sol, au milieu des huées, ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Gros +1. Très bon sketch sur l'aménagement des territoires.