Un documentaire, datant de 2016, centré sur l'Allemagne, qui nous cause de la médecine numérique : capteurs corporels, télémédecine, etc.
- Enjeux supposés : nécessité économique (99 milliards d'euros par an d'économies envisagées en Allemagne, comme s'il n'y a que ça qui compte), désenclaver les territoires ruraux avec la télémédecine (comme si la technologie était le point de passage obligé pour résoudre ce problème…), réaliser des études épidémiologiques (comment si, jusqu'à ce jour l'humanité n'avait pas su réaliser des études et soigner les gens sans fliquer tout le monde…), simplifier les procédures (mais bien sûûûûr), etc. ;
- Quelles données sont collectées par les capteurs corporels ? C'est souvent très flou pour l'acheteur. Où sont stockées les données ? En local, sur le gadget lui-même ? Sur un serveur (cloud) en Europe ? Ailleurs dans le monde ? Qui peut y avoir accès et selon quelle procédure ? On nous vante une protection à 100 % factice (un piratage est toujours possible), sans plus de réponse. Pourra-t-on consentir librement à la collecte de nos données tout en sachant qu'un refus nous exposera éventuellement à une diminution nos soins alors que nous nous accordons à dire que la santé est notre bien le plus précieux ? À quoi servent ces capteurs ? Apportent-ils vraiment quelque chose ? Si l'on collecte nos pas quotidiens pour le plaisir de compter, ça a aucun intérêt. Quid de la pollution engendrée par la fabrication puis le renouvellement régulier (obsolescence programmée) de ces millions de gadgets et de leurs consommables (piles / batteries) ? ;
- L'individualisation extrême de la médecine signe-t-elle le début de la responsabilité de nos maladies et donc la fin des systèmes de santé solidaires ? Les mutuelles proposent déjà des contrats moins chers pour les mutualistes détectés comme étant en bonne santé par des capteurs corporels… À quand les malus pour les autres ? Autant sanctionner les fumeurs ou les personnes en surpoids dès aujourd'hui. Ne plus mutualiser le risque est idiot puisque c'est la raison d'être des assurances / mutuelles (lire le bloc « Dangerosité (ou non) du Big Data & l'usage qu'en font les compagnies d'assurances. ») !
- En France, la mise en réseau de nos données de santé (carnet de santé, résultats d'examens, etc.) est en œuvre depuis plusieurs années. C'était le Dossier Médical Personnel, devenu Dossier Médical Partagé. La carte vitale et l'autorisation explicite d'accès pour chaque médecin accordée par le citoyen sont la clé dus système. Le documentaire expose que l'on peut refuser le DMP, que 280 000 français⋅e⋅s l'ont déjà fait. Je n'ai pas réussi à identifier la source de ce chiffre. Je comprends même l'inverse, à savoir qu'il faut que chaque citoyen qui le souhaite crée explicitement son DMP avant d'en donner accès aux différents professionnel de santé ;
- Allemagne : la mise en réseau des données de santé sur un service centralisé est prévu pour 2018 :
- Suisse : la plupart des consultations se font par téléphone ou par visioconférence. Les caisses d'assurance ont un tarif préférentiel incitatif. Les médecins n'exercent plus une profession libérale, mais sont employés par de grosses sociétés commerciales qui leur évitent le risque qu'il y a à ouvrir un cabinet (lol !). Le secteur est concentré entre quelques grosses sociétés commerciales, la rotation du médecin qui prend en charge l'appel fait disparaître la relation de confiance, et ce système deviendra peu à peu le système de santé réservé aux pauvres ;
- Il y a pas mal de bullshit dans ce reportage : poser la question "est-ce que les capteurs corporels vont nous permettre de nous passer de médecins est idiote… comme si les chiffres collectés se suffisaient à eux-mêmes pour poser un diagnostic… quand on voit le niveau des échanges sur Doctissimo où le cancer ou autre pathologie inquiétante est prédit à tout le monde… ; le vendeur d'oreillettes connectées qui explique qu'elles sont mieux qu'un gadget visuel qui obstrue la vue que nous utilisons en permanence, car notre ouïe est plus souvent disponible… Mouais enfin j'ai autant pas envie de me faire faucher par une voiture ou de ne pas entendre une sollicitation orale que de percuter un mur… ; un journaliste sociologue (kézako ?) qui explique que, grâce aux capteurs corporels, les termes cancers et diabète ne voudront plus rien dire tellement les maladies seront personnalisées… Mouais, ça deviendra des catégories de maladies, car il n'y aura pas autant de maladie sans tronc commun qu'il y a d'êtres humains sur terre.