Ils s’entendaient comme larrons en foire. Ils s’en mettaient plein les poches. L’Europe était leur terrain de jeu. Ça a duré quatorze ans. Ils viennent d’écoper de la plus grosse amende jamais infligée pour des faits similaires : 2,93 milliards d’euros.
Au sein du cartel des camions se retrouvaient les six principaux constructeurs européens : le suédois Volvo, qui détient Renault, les allemands Daimler et MAN, détenus par Volkswagen (déjà bien connu pour sa grandiose arnaque sur les émissions de gaz polluants), le suédois Scania, le néerlandais DAF et l’italien Iveco. Entre 1997 et 2011, ils se sont entendus pour surfacturer le prix des camions sortis d’usine et ralentir l’introduction de technologies permettant de réduire les émissions de CO2. Et ce ne sont pas des petites économies qu’ils ont faites ainsi mais des fortunes : à eux seuls, ils fournissent 95 % du marché européen, soit jusqu’à 300 000 camions chaque année.
Comme toujours dans ce genre d’histoire, c’est l’un d’eux qui a lâché le morceau : l’allemand MAN, qui, du coup, a été dispensé de mettre la main à la poche. Il a raconté comment tout avait commencé, dans un grand hôtel de Bruxelles, puis comment, à l’occasion des salons annuels, les six constructeurs s’étaient rencontrés pour actualiser leur arnaque. Pendant ce temps-là, la Commission s’échinait à pondre des normes visant à freiner l’augmentation des émissions de gaz carbonique des camions…
Lesquelles ont bondi de 36 % entre 1990 et 2010, à la grande satisfaction du réchauffement climatique. Et ce ne sont pas les cars Macron qui vont arranger l’affaire…
Dans le Canard enchaîné du 26 juillet 2017.