Les 4,5 millions de francophones belges vont-ils faire capoter le Ceta, l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Canada ? Le Parlement de la Wallonie a posé, vendredi, son veto à sa signature par le gouvernement belge. Mercredi, un autre Parlement (il y en a sept), celui de la Communauté française de Belgique, a fait de même et le Parlement de la région bruxelloise devrait suivre. Ce triple veto compromet l’adoption du traité, prévue mardi, par l’Europe, puisqu’elle doit se faire à l’unanimité, et rend sans objet le sommet UE-Canada des 27 et 28 octobre au cours duquel il devait être paraphé par Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. [...]
Je n'aime pas la tournure de la phrase « 4,5 millions de francophones belges vont-ils [...] ». Dans un autre journal, j'ai lu « comment un tout petit territoire (la Wallonie) bloque [...] ». Nan mais allô, ces citoyen-ne-s comptent autant que les autres hein, pas la peine d'utiliser ce ton condescendant genre ils sont trop peu nombreux et ils cassent les couilles et les ovaires des autres ! Ils-elles votent bien ce qu'ils-elles veulent !
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[...] Cette montée brutale du protectionnisme, curieusement, touche surtout les pays dont les élites ont été les plus ferventes libre-échangistes : au Royaume-Uni, le vote en faveur du Brexit s’explique largement par la révolte des oubliés de la mondialisation. De même, aux Pays-Bas, Etat commerçant s’il en est, les citoyens ont rejeté au printemps l’accord d’association UE-Ukraine, qui est d’abord un accord de libre-échange. Ce phénomène touche aussi les pays riches et en plein-emploi, comme l’Allemagne, où l’opposition au Ceta ou au Tafta, projet de traité avec les Etats-Unis, est bien plus forte qu’en France, qu’en Italie, en Espagne ou au Portugal.
Mais si l'accord bloque pour la région francophone belge c'est parce que la Wallonie réclame plus de garanties, notamment en matière de protection de ses agriculteurs, face aux puissantes multinationales. Le Ceta prévoit en effet la possibilité pour les multinationales investissant dans un pays étranger de porter plainte contre un Etat adoptant une politique publique contraire à leurs intérêts.
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La région belge demande plus de temps pour négocier l'accord. Paul Magnette, le chef du gouvernement wallon, a ainsi souligné que "la démocratie prend du temps." [...]
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La signature du traité, théoriquement prévue pour jeudi prochain, reste suspendue au feu vert de la région belge de Wallonie, qui refuse de donner les pleins pouvoirs à Bruxelles pour parapher l'accord. Martin Schulz a indiqué que le sommet prévu la semaine prochaine avec le Canada restait pour l'instant à l'agenda.
Quelque 6000 manifestants à Amsterdam ont déclaré leur soutien samedi à la Wallonie, qui est pour l'instant opposée au Ceta et bloque la signature de ce traité de libre-échange entre l'UE et le Canada, ont indiqué les organisateurs.
Dernier baroud d'honneur ou véritables convictions de la part de la Wallonie ? Affaire à suivre.