Écrire “Macron-Pétain-Câble” peut conduire en garde à vue.
En pleine célébration jupitérienne du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en compagnie de 70 chefs d’Etat conviés à l’Elysée, ce n’était pas le moment de plaisanter. Mal en a pris à Christophe, Lubin et Vincent, trois jeunes militants anti-publicité, de placarder sur un Abribus une affiche sur laquelle était écrit au feutre : « Macron-Pétain-Câble ». A peine leur crime de lèse-président commis, dans le quartier de Montparnasse, à Paris, les trois larrons se sont fait serrer par la patrouille. Et, là, fini de rigoler !
Conduite toutes sirènes hurlantes au commissariat du Ve arrondissement, les délinquants sont présentés à un officier de police judiciaire qui juge l’affaire de la plus haute importance. On ne badine pas avec le respect dû au chef de l’Etat, surtout un 11-Novembre. Résultat : une douzaine d’heures de garde à vue chacun, avec interrogatoires au beau milieu de la nuit.
Las, le flic qui pensait pouvoir leur coller une « offense au chef de l’Etat » s’aperçoit que le délit n’existe plus depuis le 5 août 2013. Désormais, les impertinents qui se rendent coupables d’ironie, d’irrévérence ou de moquerie envers le président de la République ne peuvent plus être poursuivis.
Qu’à cela ne tienne, le chef poulet replonge dans son Code pénal et trouve une autre incrimination : « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique commis en réunion ». Peine encourue : 2 ans de ballon et 30 000 euros d’amende.
Caramba, encore raté ! Le parquet n’a pas suivi et a ordonné de libérer les garnements sans aucune poursuite à leur encontre.
Ça l’affiche bien…
Ha… Le zèle et la proportionnalité des actions des flics…
Dans le Canard enchaîné du 21 novembre 2018.