Secouées par l’affaire de corruption touchant Airbus, les grandes boîtes du CAC 40 veulent à tout prix se prémunir contre ces menus dérapages. Veolia ne fait pas exception. Le leader mondial de l’eau et des déchets a confirmé, le 8 janvier, avoir débauché Jean-Baptiste Carpentier, 53 ans, le directeur du Commissariat à l’information stratégique et à la sécurité économique (Cisse) de Bercy, pour en faire son directeur de la « conformité ». En clair, du respect des lois.
Contrat en beton armé
Officiellement, le départ de Jean-Baptiste Carpentier, ancien patron de Tracfin — l’organisme chargé de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme — s’est réglé en bonne intelligence avec Bercy. En décembre, pourtant, Emmanuel Moulin, le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, a convoqué le patron du Cisse pour l’interroger sur sa décision de confier un contrat à FTI Consulting.
Ce cabinet d’investigation américain aux méthodes musclées est censé réaliser un audit de la politique de conformité des 200 premières entreprises françaises et identifier leurs bonnes pratiques (« Intelligence Online », 29/11). « Je n’ai pas engagé une société américaine, mais la patronne de la filiale parisienne, Sophie Lhomme, une Française, officier de réserve disposant d’une habilitation de sécurité », s’est curieusement défendu Carpentier. Lorsqu’il a annoncé son souhait de quitter Bercy, personne ne l’a vraiment retenu. Ni Bruno Le Maire ni le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, très au fait des questions de sécurité…
« Qu’une entreprise privée comme Airbus se laisse voler des informations sensibles par les Américains, c’est déjà grave, s’offusque un spécialiste de la guerre économique. Mais que l’Etat français organise le pillage de ses 200 premières entreprises, c’est incompréhensible… »
Aux armes, citoyens patrons !
Heu. D'où l'État s'occupe (favorise ?) uniquement des 200 plus grosses sociétés privées françaises ? D'où c'est de la responsabilité de l'État de prévenir les pratiques illégales ?! Peut-être parce que le Président joue déjà les VIP pour elles ? On marche quand même sur la tête, je trouve…
Dans le Canard enchaîné du 10 janvier 2018.