Pour l'État comme pour les collectivités locales, l’heure est aux économies. Mais Macron ne veut quand même pas jouer les radins. Ainsi a-t-il fait, la semaine dernière à Toulon, un gros câlin aux armées en leur annonçant une rallonge budgétaire maousse : 15,5 milliards d’euros. Mais attention : ce sera 5,1 milliards avant la fin de son mandat présidentiel, le reste entre 2023 et 2025, lorsqu’il ne sera plus là. Quant au service national universel, il n’y renonce pas, contrairement à ce qui était annoncé. Mais il ne chiffre pas cette brillante idée (on parlait de 30 milliards) et annonce qu’elle aura « un financement ad hoc » et que les armées ne seront pas les seules à banquer. Sans plus de précisions.
Bref, on verra plus tard
Ha, le service militaire (ou civique encadré par les armées et la gendarmerie, ce qui revient au même)… La vieille lune des politicard⋅e⋅s : tou⋅te⋅s proposaient son retour dans leur programme pour 2017 à l'exception de Poutou, Hamon et Fillon. C'était aussi dans les premières versions de la loi égalité et citoyenneté…
Apprendre le patriotisme aux gosses… Leur inculquer la marche au pas aux ordre du Président… Leur donner envie de crever dans des conflits idiots causés par des abruti⋅e⋅s voire de flinguer leurs concitoyen⋅ne⋅s lors d'une tentative de révolte… C'est vrai que tu ne peux pas être citoyen⋅ne, « rencontr[er] [tes] concitoyens, [faire] l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine » tant que tu n'as pas contribué à foutre la merde à l'autre bout du monde… Réfléchir à la vie de la cité et agir, c'est démodé !
Ha, pardon, il permettra de déceler l'illettrisme… comme si c'était le boulot des bidasses !
Ha, pardon, il pourrait être en immersion dans des associations d'aide aux personnes en difficulté. Ouais, parce que le gouvernement n'agira jamais pour éradiquer les maux qui mettent les gens dans la merde.
Ha, pardon, il pourrait inculquer le devoir de mémoire. Ouais, c'est important de se souvenir qu'il y a eu de grand⋅e⋅s gens qui nous ont tous sauvé et que nous autres sommes de grosses merdes. Il vaut mieux se souvenir de ça plutôt que d'enseigner les origines profondes des guerres passées.
Ha, pardon, il pourrait enseigner ses droits au citoyen⋅ne. Ouais, je me rappelle de mes cours d'éduc' civique : "t'as le droit de vote et comme tes ancêtres se sont trop battus pour l'obtenir bah t'as limite le devoir de voter pour des tartuffes ! Sisi, je t'assure, c'est ce que tes ancêtres voulaient, fais-moi confiance, je suis prof’ !" suivi d'une présentation du processus utopique de création et d'adoption d'une loi (en tant qu'ex-militant, je peux t'assurer que ça ne se passe pas du tout comme ça). C'était un chef-d'œuvre, y'a pas à dire !
Bref, pas de service obligatoire, qu'il soit militaire ou civil, encadré par des représentant⋅e⋅s de l'autorité de l'État ou non.
Dans le Canard enchaîné du 24 janvier 2018.