Dans la catégorie "les promesses n'engagent que ceux et celles qui y croient" :
Quand elle a racheté, en 2015, l’ex-branche énergie d’Alstom, la direction de General Electric (GE) a multiplié les annonces mirifiques : pas de fermeture de site, maintien de la recherche, création de 1 000 postes d’ici à la fin de 2018, etc.
Le 14 décembre dernier, devant une commission d’enquête parlementaire, Jérôme Pécresse, le patron de GE Renewable Energy, a claironné : « Nous avons fait une très grande partie du chemin ! » A onze mois du terme de ces engagements, le bilan est probant : 358 embauches réalisées… moins 313 suppressions de postes prévues par le « plan de transformation » (synonyme élégant de « plan social ») de l’usine GE Hydro de Grenoble. Soit 45 créations nettes, ou 4,5 % des promesses formulées en 2015…
Que sait GE ?
Ce coup de sabre grenoblois aurait été décidé « dans l’urgence, fin mai-début juin » 2017, a déclaré la direction aux experts mandatés par le comité d’entreprise. En réalité, comme le prouve un document interne de GE Renewable Energy, ces suppressions de postes étaient préparées six mois auparavant… Le document, en outre, fournit des éléments de langage au personnel et à la presse. Ainsi, à la question : « Allez-vous fermer l’atelier de production (de mécanique lourde) de Grenoble ? », il faut répondre : « Il n’y a pas de décision finale aujourd’hui (…). Il est trop tôt pour confirmer des chiffres définitifs. »
Le 14 décembre, devant la commission, Jérôme Pécresse s’est montré plus précis : « Cet atelier ne sera pas fermé [mais] reconverti dans la production de turbines de petite taille… » Or, le 15 décembre, la direction de GE Hydro à Grenoble a confirmé au comité d’entreprise la suppression de 50 postes sur… 50 au sein de l’atelier de mécanique lourde — une dizaine de salariés se voyant repêchés dans d’autres activités. Jolie « reconversion » !
A la mi-décembre, toujours, à l’issue du « comité de suivi des engagements de GE » à Bercy, Bruno Le Maire et la sous-ministre Delphine Gény-Stephann se sont félicités d’un si beau bilan : « A cette date, GE est en ligne avec les engagements pris (…) et mettra tout en œuvre afin d’être en mesure de les tenir à leur échéance, prévue fin 2018. »
Ho, bah, si GE est protégé par nos sinistres, tout va bien, alors ! :(
Ils n’ont pas peur d’un cour-circuit ?
Dans le Canard enchaîné du 17 janvier 2018.