Il y a au moins deux raisons pour lesquelles le gouvernement ne veut pas s'engager publiquement en faveur d'une reprise de la dette de la SNCF - 46 milliards, en hausse de 3 milliards chaque année.
La première tient au traité de Maastricht. « Si nous annonçons la reprise de la dette, la Commission européenne nous l'imputera immédiatement », explique un ministre.
La seconde est stratégique : le gouvernement veut attendre la fin des négociations avant de dévoiler la totalité de son jeu.
« Il faut que chacun y mette du sien », a ainsi avoué Elisabeth Borne dans une interview à "Sud Ouest Dimanche" (8/4). Avant d'annoncer une reprise de la dette, nous devons nous assurer que celle-ci ne va pas se reconstituer. Les français ne comprendraient pas que l'on annonce dans dix ans une nouvelle dette de la SNCF. Nous voulons donc nous assurer que la SNCF ne s'endettera plus. »
Une solution est envisagée en haut lieu, inspirée de ce qui fut réalisé pour le Crédit lyonnais : créer, à côté de la SNCF, une « structure de défaisance » de la dette. Elle serait en partie abondée par une taxe sur les billets de train !
Une taxe de plus, voilà une idée qu'elle est bonne pour que les usagers du rail se mettent à leur tour en grève, au moins de billets !
La troisième raison est politique : démontrer que le public c'est nul, ce n'est pas efficace, ça s'endette de partout, donc on arrête les gamineries de gauchos et on laisse le privé gérer tout ça et tout ira beaucoup mieux pour tout le monde (usagers, salariés, tout le monde on vous dit).
Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.