Avec 30,64 % d’abstention, 54,63% de votants ont répondu « non » au référendum de 2005. Votait-on contre un Jacques Chirac impopulaire qui appelait les Français à ne pas se « tromper de question » ? Votait-on contre un texte long et complexe qui, dans les fantasmes de Nicolas Dupont-Aignan, allait faire entrer la Turquie dans l’UE ? En réalité, bien heureux celui qui réussit à identifier les enseignements d’un référendum. Une seule certitude, on répond peu à la question qui est posée.
Quoiqu’il en soit, Nicolas Sarkozy est élu en 2007 Président de la République au suffrage universel sur une promesse : faire adopter un nouveau traité dont la ratification serait autorisée par le Parlement. Ce sera le Traité de Lisbonne. Le peuple a-t-il changé d’avis ? S’intéressait-il seulement à la question ? Toujours est-il que Nicolas Sarkozy a tenu cette promesse, mandaté par le peuple souverain qui, comme le disait Rousseau, « est toujours maître de changer ses lois ».
Avis complémentaire intéressant en http://www.touteleurope.eu/actualite/idee-recue-le-traite-de-lisbonne-a-ete-impose-aux-francais.html :
Des similitudes sont cependant présentes entre les deux traités. Selon Valéry Giscard d’Estaing, père du projet de constitution européenne, le nouveau traité en reprend intégralement les propositions institutionnelles, tout en les présentant dans un ordre différent. Pour le Sénat français, "le traité de Lisbonne reprend en règle générale le contenu du traité constitutionnel, même s’il le fait sous une forme complètement différente".
Même si le contenu des deux traités n'est pas identique, Marine Le Pen aurait donc raison de dire que le projet de Constitution européenne, rejeté en 2005, a été – en partie – proposé à nouveau en 2008. En effet, le nouveau texte prend en considération les exigences de réformes institutionnelles avancées en 2005, cependant avec un autre ton. Et c'est justement la forme qui marque la différence entre ces deux traités. Après les référendums de 2005, le mot "constitution" est définitivement abandonné et le processus d'intégration européenne est arrêté pendant trois ans. En outre, la possibilité de quitter l'Union est introduite dans le traité : cela n'a pas été le cas pendant les 50 premières années de l'intégration européenne. L'UE s'éloigne donc du rêve fédéraliste de ses fondateurs : la voix des Français et des Néerlandais a donc été écoutée.