Le numéro de juin 2019 du Ravi, journal satirique en PACA, remet les idées en place au sujet des communautés.
- Comme notre république s'est construite en opposition aux religions et à l'identité individuelle, les communautés font l'objet de fantasmes ("hou les méchants arabes terroristes !") de la part des élus tout en étant courtisées par les mêmes élus qui y voient là un moyen de faire du clientélisme et de l'affiliation alors que les supports habituels (logement, emploi public, etc.) sont plus difficiles à promettre : vas-y que je finance la rénovation d'églises ou des écoles privées cathos ou des associations ou des activités culturelles à coup de millions. Les communautés permettent aux politiciens de scénariser leur vie afin de créer une identification par la familiarité ("je suis né à Alger, j'ai été parachuté à Marseille, voyez que je suis comme beaucoup d'entre vous !", "j'ai grandi dans une cité", etc.) ;
- Pourtant, une communauté, c'est simplement la réunion structurée de personnes qui partagent un vécu, des expériences et des intérêts. Nous appartenons tous à plusieurs communautés : politiques, sociales (lieu de naissance, âge, genre, CSP, religion, etc.), de voisinage, etc. Elles permettent de mettre en œuvre des communs, c'est-à-dire une gestion collective et organisées des biens et services qui profitent à tous. Nous devrions prendre soin de nos communautés ;
- D'ailleurs, les classes sociales supérieures forment des communautés. Elles sont d'autant plus homogènes qu'elles y ont un enjeu de reproduction de la domination. On les voit s'enfermer entre-eux dans des quartiers sécurisés ou des territoires clairement identifiables (Beaulieu, Villefranche-sur-Mer, Saint-Jean Cap Ferrat, Monaco, etc.). Le sentiment d'appartenance y est plus fort que chez les prolos, ce qui déséquilibre le rapport de force ;
- La force des liens intra-communautaires et la solidarité varient d'une communauté à une autre. Les Comoriens sont très soudés, rares sont ceux qui dormiront à la rue. Les Arméniens le sont moins (les jeunes sont des migrants économiques, les vieux sont des rescapés du génocide). Les différentes générations d'algériens ne se fréquentent pas sauf à quelques occasions comme la volonté de sortir Bouteflika du pouvoir. D'autres communautés filent des mauvais tuyaux aux nouveaux arrivants (exemple : les Géorgiens qui indiquent de jeter le passeport) ou exploitent les nouveaux arrivants par le travail (exemple : égyptiens, maghrébines). Et puis, il y a toujours les personnes qui se sentent hors des jalons des communautés : l'égyptienne qui ne rêve pas d'un mariage forcé, le Juif antisioniste, le grand-père catho et gay, etc.