- En 2016, Sanofi est la société du CAC 40 qui a le plus distribué de dividendes (et de rachats d'action) : 6,66 milliards d'euros. Super, on a une recherche française performante… ou pas ;
- À Montpellier, un bâtiment de 9000 m² qui a coûté 107 millions d'euros et qui n'a jamais été utilisé sera partiellement détruit… juste pour éviter de payer la taxe foncière à 1 million d'euros… Les écolos et les mal logés apprécieront… ;
- Derrière ce massacre se dissimule en réalité un changement de cap opéré par Sanofi dès 2008 (la crise a servi d'excuse) : l'externalisation. Conclure des partenariats avec des startups, réaliser des acquisitions… de produits qui ne valent rien (dixit les témoignages) ou dont on ne sait pas encore ce qu'ils valent, mais qui permettent de donner de l'espoir aux marchés financiers de détenir, peut-être, ZE trouvaille. Selon un rapport d'experts-comptables mandatés par le comité central d'entreprise de Sanofi, 50 % des produits entrants en développement proviennent d'acquisitions… ;
- Forcément, on licencie les rats de laboratoires : 15 sites fermés en 6 ans (2009-2015), 6 200 emplois en moins rien qu'en France, les projets de R&D ne cessent de diminuer (de 345 et 129 en 2015 à 226 et 94 en 2017), etc. C'est donc du savoir et des compétences qui ne se développent plus en France. Ce sont des recherches vitales qui ne sont pas menées. Je me demande à quoi servent les à peu près 130 millions d'euros de crédit impôt recherche octroyés chaque année (depuis 2008) à Sanofi… ;
- Ha, mais je sais ! Ça sert à dépenser 3,7 milliards d'euros en 2016 pour racheter ses propres actions afin d'en faire artificiellement gonfler le cours ! ;
- À côté de ça, Sanofi refuse de brader son vaccin contre la fièvre tropicale… 359 millions de doses vont être détruites et un site de production est totalement à l'arrêt… Ben, ouais, le prix de vente de ce vaccin, comme celui d'autres médocs a été calculé en mode "on est les premiers, on va vendre au prix qu'on veut", ce qui ne marche pas dans un tiers-monde toujours plus pauvre… Plutôt détruire que brader, de peur que les consommateurs attendent des bas prix sur les médocs et les vaccins ;
- La Dépakine (médoc de Sanofi contre l'épilepsie) provoque des troubles neuro-développementaux (autisme…) chez les fœtus… Sanofi savait depuis 1986… Mais n'a rien fait. Idem des autorités sanitaires. L'État a créé un fond d'indemnisation (suite au Mediator)… La justice enquête mais semble limiter sa vitesse (par rapport à celle visant le Mediator)… Mais il est vrai qu'on n'embête pas un labo qui emploie environ 100 000 personnes dans le monde (contre 20 000 pour Servier - Mediator) et dont le PDG est un poto de Macron. Sanofi se refuse à indemniser qui que ce soit… Comme dans la finance, le mot d'ordre est mutualisation des pertes et privatisation des gains.
Il est plus que temps de sortir la santé du monde de la finance, non ?
Dans le numéro 82 de Fakir.