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Aide sociale à l'enfance (ASE)
- Fakir nous répète ce que Siné mensuel nous a appris en 2017 : comportement administratif / froid / paperassier, décisions arbitraires prises du jour au lendemain sans prévenir les assistantes familiales ni les gosses (ce qui conduit à des drames, comme le suicide d'une gosse qui apprend à sa sortie d'école qu'elle ne retourne pas dans sa famille d'accueil et se tranche les veines), manque de personnel, interdiction de s'attacher aux gosses, etc.
- Les assistantes familiales (on dit « familles d'accueil » dans le langage courant) ne reçoivent pas le dossier de l'enfant, alors que ça pourrait aider. Exemple : le gosse devient violent quand on fume à côté de lui… car son père le brûlait avec ses mégots. Un autre refuse violemment les douches… en réaction aux châtiments à la douche froide ;
- Le budget de l'ASE est variable d'un département à un autre. Pas de coordination au niveau national ;
- Les départements financent et contrôlent l'ASE… Juge et partie. Vu la pénurie d'assistantes familiales (et le manque de personnels), les contrôles sont rares, annoncés plusieurs semaines à l'avance, voire inexistants.
Maltraitance des enfants par l'école publique
- Fessée à nue, ordre de rester sous son bureau tout un aprem, casser des règles sur la tête, vider un pot de peinture sur la tête, être accroché au porte-manteau, viol, moqueries, marginalisation, humiliation, surnom dégradant, refus de le nommer par son prénom préféré parmi ceux déclarés à l'état civil, etc. ;
- Des profs sont aussi malmenés par les dirlos : insultes, entraves au taff, marginalisation, humiliation ;
- Les inspecteurs de l'éduc' nat' font rien. Bureaucratie qui se protège. Tout le monde se connaît, on peut être inspecteur de père en fille (deux exemples sont donnés) ;
- Bien souvent, les parents d'élèves laissent tomber en cours de procédure (ce qui peut expliquer le jemenfoutisme des inspecteurs, qui peut alors être lu comme de la prudence), protègent le prof, et se prennent le choux avec le parent d'élève un peu trop remuant en mode "tu veux son suicide", "t'es un manipulateur sans scrupules, t'as un agenda politique caché, c'est de l'acharnement, pauvre directrice il faut la comprendre, etc." ;
- C'est un des versants de la lutte des classes : dans les écoles de bourges, les profs se tiennent à carreau (plusieurs témoignages), car les parents sont plus impliqués et ont des relations (quand un prof se comporte mal, ils sollicitent directement le recteur, pas la petite inspectrice). Les pauvres et les ploucs (petits villages) délèguent aux profs et se mettent en retrait par rapport à leur statut social (tout prof est considéré comme un érudit, comme Dieu). Sans compter que les bourges sont en capacité de résister : ils comprennent les rouages de la structure, ils savent rédiger de beaux courriers, ils ont du temps à y consacrer, etc. ;
- Les parents d'élèves issus de la petite bourgeoisie (informaticien, graphiste, journaliste, cadre, etc.) laissent faire car c'est rarement leurs gosses qui sont maltraités ;
- Problème systémique. L'article prend de nombreux exemples dans plusieurs écoles de plusieurs régions. Des rapports et des livres ont été rédigés depuis 20 ans… ;
- À titre personnel, je peux témoigner de trois choses :
- J'ai connu un cas de maltraitance. Un camarade avait chié dans son froc, et la dirlo de notre école maternelle a pété les plombs et la le lui a étalé sur le visage. Je ne sais plus si c'était une démission, mais elle n'était plus en poste la semaine suivante (ce qui nuance l'article) ;
- De la primaire au lycée, j'ai vécu des punitions corporelles d'un autre âge (à l'école primaire), des humiliations répétées (« bougre d'âne »), des moqueries répétées qui relèvent du harcèlement moral (« tu deviendras jamais informaticien avec ton niveau en maths », etc. ;
- Mes parents, peu éduqués (ils n'ont pas leur BEPC et ils n'ont pas été au lycée), considéraient que tout prof est Dieu. Il sait tout, il a raison sur tout. Ils disaient explicitement à chaque prof' de ne pas hésiter à leur signaler tout problème, qu'ils suivraient et en remettraient une couche. Fakir rapporte un témoignage similaire : « Faites ce que vous voulez avec mon gamin, vous avez raison, et tout ce que vous pourrez lui dire, j'en remettrai une couche à la maison ». On dirait mot pour mot la prose de mes vieux… jusqu'au jour où leur gamin, moi, a eu envie de sauter du haut d'un viaduc suite au harcèlement constant d'un prof de maths.
Les débuts de Fakir
- Ruffin est révolté, bouillonne de colère, juge sévèrement la ligne éditoriale du Journal des Amiénois (JDA, gazette municipale) qui lisse / masque la réalité sociale en n'évoquant pas telle et telle fermeture d'usine. Il a besoin de s'exprimer, de pousser au-dehors. Il a une mauvaise image de lui mais aussi un orgueil développé. Il écrit (poésie, essai, romans policiers, critique des médias, etc.). Il est timide ;
- Il entre à la fac des lettres de l'université de Picardie. On le voit prof. Il a peur de l'inertie, de jamais connaître le « dehors » (école, collège, lycée, fac, prof à la fac, etc., toujours le même cocon). On sent d'ailleurs cela dans sa comparaison avec Macron qu'il livre dans Ce pays que tu ne connais pas ;
- Il voyage en Biélorussie avec un pote de fac et il y interroge plusieurs personnes (dont un ancien ministre). La timidité s'estompe. C'est ce qui permettra à Ruffin d'aller au contact, et à Fakir d'être un journal d'enquête et de terrain, qui mêle témoignages et lectures de rapports et autres docs chiants ;
- L'envie de créer un journal est là. Mais il a peur du concret, de la logistique, etc. Et personne (parent, avocat spécialisé en droit de la presse) le soutient ;
- Le président de l'université, attiré par le prestige d'une gazette étudiante, valide le projet. Une demande de subvention est faite. Ça traîne. Ruffin fait croire à l'imprimerie de l'univ' qu'il a le feu vert du président pour imprimer :D ;
- Beaucoup de débrouillardise : imprimerie de l'univ', logiciel de mise en page (QuarkXPress) obtenu à la criée devant l'école d'art et de design, ventes des premiers numéros à la criée dans une manif' anti-FN puis dans des bistrots, à la sortie des cinémas, dans les restos, etc. ;
- Le premier numéro ne plaît pas. Le directeur de la communication de l'univ' explique à Ruffin que son journal lui rappelle « les pires temps de la collaboration » et qu'il est « presque aussi con que Serge Halimi ». Il n'est plus question de subvention. Sur le bureau du dirlo, Ruffin lit un post-it avec le nom et le numéro de téléphone d'un journaliste du JDA dont Ruffin, dans le premier numéro de Fakir, conteste la véracité d'un article. L'université dira qu'il y avait six projets de journal étudiant et qu'elle en financera aucun ;
- Par peur, les commerçants et les lieux culturels ne veulent pas distribuer le journal ("c'est la mairie qui autorise notre terrasse", "c'est le JDA qui diffuse notre programmation). Certains ne distribuent pas Fakir par conviction, mais par intérêt (commission) ;
- Face aux longues soirées de criées infructueuses, Ruffin se décourage. Emmanuel, un vieux de la vieille de Fakir dit de Ruffin qu'il est cyclothymique. La pub de Serge Halimi dans le Diplo lui fait un bien fou (à la fin d'une conférence à l'univ', Ruffin lui avait remis un exemplaire de Fakir et une carte « On m'a dit que j'étais presque aussi con que vous. J'ai pris ça pour un compliment »). Il y a plusieurs exemples comme celui-ci qui illustrent que Ruffin a su créer son destin ;
- Le maire d'Amiens lui propose d'écrire une fois par mois dans le JDA. Ruffin refuse. Il veut une fois par semaine et avoir le même espace que l'édito :D ;
- Ruffin fait un stage à Libé. Les journalistes lui conseillent de faire une école de journalisme afin d'avoir le tampon de l'officialité. Il le fait ;
- Ruffin constate que des patrons (bars, Somme Presse, etc.) ont fait plus pour Fakir que les bidules administratifs chargés d'accompagner les associations ;
- Dans son numéro 3 (mars 2000), Fakir relate que les publicités dans le JDA sont étranges. Ça propose des produits industriels (BTP, éléctricité industrielle, système de froid industriel, gestion des fluides industriels, etc.). Quand on les contacte, ces sociétés disent ne pas vendre aux particuliers. Les réclames dans la gazette municipale permettent de garder l'contact avec la mairie, de maintenir des liens étroits, et de faciliter l'obtention de marchés publics. Les sociétés sont sollicitées dix à quinze fois par an ;
- Dans son numéro 5 (a priori), en septembre 2000, Fakir publie un article sur le coût trop élevé d'un portail web commandé par le premier adjoint d'Amiens (comme quoi, Ségo et son Désirs d'avenir n'était pas précurseuse). Celui-ci demande la publication d'un droit de réponse. Trop long, Ruffin refuse (comme le lui permet la loi). Vlam, procès en référé. Le premier ajoint perd. Deuxième procès pour diffamation. Le camp d'en face demande plusieurs reports de l'audience, ce qui épuise Ruffin moralement et en logistique (il doit contacter ses témoins pour annuler, reprogrammer, annuler, etc.). À l'audience, le premier adjoint qualifie Ruffin de « parasite social ». L'avocat de cet adjoint le qualifie de « taliban de l'information » (on est juste après le 11 septembre 2001). Le procureur compare Ruffin à Brasillach. Ambiance. Ruffin perd : le jugement est un copié-collé des conclusions du premier adjoint, fautes incluses. Pour le juge, il n'y a pas prescription comme l'affirme Ruffin car, à un seul endroit dans sa plaidoirie, l'avocat de Ruffin a écrit « article publié le 5 novembre » au lieu du 5 octobre, ce que le juge considère être un avœu… Ruffin gagnera en appel, sur ce point (prescription) ;
- Le Courrier Picard fait un compte-rendu de l'audience qui allume Ruffin… qui publie, dans Fakir, un article et une caricature du redac'-chef du JDA sur la thématique "lèche-bottes". :D Le rédac-chef porte plainte (vlam, et de 3) à titre personnel car les syndicats s'opposent à une poursuite au nom du JDA. Ruffin dénonce cela (avocat = celui du Courrier picard + payé par le journal, lui-même financé par le Crédit Agricole donc la Chambre de Commerce et d'industrie = toujours les mêmes). Vlam, 4e procès. Ruffin demande le dépaysement à Paris au motif que le tribunal local ne serait pas impartial. Il l'obtient et gagne les deux procès, en première instance et en appel. Entre temps, manifs devant le Courrier Picard, émission de Là-bas si j'y suis, articles dans la presse nationale, t-shirt reprenant la caricature "lèche-bottes". Le rédac'-chef du JDA finira en dépression et partira. « Je ne suis pas Gandhi », nous dit Ruffin ;
- Ruffin reconnaît un entêtement, une plume alerte et un ton très libre ;
- Je constate que Ruffin a su se créer un réseau aussi bien à Paris (Pour Lire, Pas Lu / Là-bas si j'y suis), qu'en local (l'article cite des dizaines de noms), sans compter les contributeurs réguliers au journal de tout bord (droite, gauche, catho, anticlérical, etc.).
Sun Aug 14 12:45:03 2022 - permalink -
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