Dîner à l’Elysée et pognon de dingue garanti.
Pour les patients, la réforme de la santé attendra. Mais, pour les labos, le tapis rouge, c’est maintenant ! Le 9 juillet, Macron a reçu à dîner une vingtaine de pédégés des plus gros labos pharmaceutiques, de GSK à Sanofi. Et, le lendemain, lors d’un Conseil stratégique des industries de santé, Edouard Philippe les a couverts de cadeaux.
Pour commencer, le gouvernement leur garantit que leur chiffre d’affaires augmentera, au minimum, de « 0,5 % par an pendant trois ans », et même de « 3 % par an » pour les médicaments innovants. « C’est Noël en juillet ! ironise Pierre Chirac, de la revue médicale “Prescrire”. Et c’est accordé sans aucune contrepartie. Par exemple, on ne demande pas aux industriels d’éviter les ruptures de stock de médicaments. »
La nouvelle a ébahi les associations de patients, Médecins du monde, l’UFC-Que choisir et « Prescrire », qui se sont fendus d’un communiqué commun : « Qui d’autre a l’assurance, aujourd’hui en France, d’une augmentation régulière de ses revenus, qui plus est à partir d’argent public ?» Personne… Les labos vont pouvoir continuer de demander des prix délirants pour des anticancéreux et autres traitements : « Pour leur garantir 3 % de croissance, le gouvernement va accepter des prix faramineux, alors qu’il aurait fallu enrayer la spirale », déplore Pierre Chirac.
Sanofi du bien
Autre gâterie : les délais d’autorisation des nouveaux médocs seront réduits « drastiquement ». Mais aucun nouveau moyen n’est accordé aux agences sanitaires chargées de les évaluer. « C’est très dangereux, s’alarme un pharmacologue expert auprès de l’agence du médicament. On ne peut pas juste faire confiance aux études cliniques des labos. » Les industriels, eux, se frottent les mains : « Le premier bénéficiaire de tout ça, c’est Sanofi… » décrypte un haut fonctionnaire. Un « fleuron » dont Edouard Philippe ne manque jamais de saluer la réussite.
Macron lui-même est un proche de Serge Weinberg, le président de Sanofi, qu’il a connu en 2007 au sein de la commission Attali. « Nous sommes devenus assez copains, même très copains », se félicitait Weinberg dans la biographie de Jupiter pondue par Anne Fulda. Nul cumulus ne saurait assombrir cette touchante amitié…
Dans le Canard enchaîné du 18 juillet 2018.