L’Elysée et ses superflics s’inquiètent du regain d’activisme de 2 000 radicaux et déclenchent la mobilisation générale.
L'ultragauche réalise une entrée fracassante au palais de l’Elysée. D’abord, comme « Le Canard » (1/11) l’a raconté, à la table du Conseil des ministres, où Gérard Collomb se dit désormais décidé à « surveiller de près » cette mouvance radicale. Depuis peu, elle est aussi l’invitée régulière des réunions hebdomadaires du Conseil national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme — la desormais fameuse « task force » présidentielle, chargée de faire travailler les services entre eux. « La menace est réelle, s’effraie l’un de ses membres. Nous pensons que ça peut très mal se terminer. » Rassurant…
Au ministère de l’Intérieur, on évalue à environ 2 000 le nombre de militants prêts à passer à l’action. « Jusqu’à la rentrée dernière, le propos était d’abord politique, et parfois violent. Les manifestations anti-loi Travail ont constitué un tournant. Les militants, de plus en plus jeunes, se sont radicalisés », analyse un gradé de la gendarmerie.
Cette mouvance est subdivisée, selon le jargon maison, en plusieurs factions : les « antifas » (pour antifascistes), les « propalos » (propalestiniens), les « Black Blocs » (en gros, les casseurs) ou encore les « anarchos-autonomes ». Et la nuance n’est guère de mise : « Leur fonctionnement ressemble à celui des terroristes de l’Etat islamique », analyse un poulet de l’antiterro.
Aussi bêtes que méchants ?
Ils ne sont tout de même pas adeptes des attentats aveugles et des décapitations… « Jusqu’à preuve du contraire, nous avons affaire à une bande d’écervelés, réplique un haut magistrat. Dangereux, certes, aussi bêtes que méchants, mais rien à voir avec Daech. Les services enquêteurs font monter la mayonnaise. »
Le parquet antiterroriste s’est pourtant récemment interrogé sur l’opportunité d’ouvrir une enquête nationale. L’incendie, le 21 septembre, du garage de la gendarmerie de Grenoble, puis, toujours en Isère, celui du 26 octobre, visant des voitures de pandores et leurs habitations, ont fait office de déclencheurs. « C’est un sabotage, estime Jean—Yves Coquillat, le procureur de la République de Grenoble. De tels actes peuvent s’apparenter à du terrorisme. »
Le « syndrome Tarnac » est pourtant dans tous les esprits. En particulier dans celui de François Molins, le procureur de la République de Paris. En 2008, un groupe anarchiste installé à Tarnac, en Corrèze, avait été soupçonné d’avoir saboté des caténaires d’une ligne de TGV. Une enquête pour terrorisme avait alors été ouverte, avant que la qualification soit définitivement écartée par la justice, en janvier 2017. Neuf ans plus tôt, le dircab d’Alliot-Marie, garde des Sceaux à l’origine de la procédure, se nommait… François Molins.
Ça refroidit.
Dans le Canard du 8 novembre 2017.
Dans le Canard du 1er novembre 2017 :
La crainte de l’ultragauche
« Surveiller de près l’ultragauche. » C’est désormais l’une des priorités de Gérard Collomb après les incidents qui ont émaillé les manifs contre les ordonnances. Et plus encore après cette « chasse aux DRH » à laquelle s’étaient livrés des excités gauchistes, le 12 octobre, en marge d’une réunion près du bois de Boulogne.
Collomb a informé solennellement Macron de ses inquiétudes quant à la violence prêchée par la gauche de la gauche. Et la tentative d’incendie, le 26 octobre, d’une gendarmerie à Meylan (Isère) a renforcé ses craintes.
Ça promet, quand il faudra évacuer Notre-Dame-des-Landes !
Le retour affiché de la saincrosainte peur de l'ultragauche qui n'a jamais disparue. La comparaison de bout en bout avec le terorisme n'est pas sérieuse, mais permettra d'appliquer, sur l'ultragauche, la violente législation antiterro qui a été sans cesse renforcée ces dernières années. Aucune remise en question de la part du gouvernement : pour quoi les antifas ? Pour quoi la violence de l'ultragauche après des actions pacifiques ignorées par les pouvoirs ? Bref, la tension monte…