La prise en compte de la pénibilité du travail dans la réforme des retraites comme monnaie d'échange avec la CFDT, seul syndicat qui soutient l'instauration d'un système universel par points mais qui refuserait le recul de l'âge de départ à la retraite ? Ça fait plus d'une décennie que l'on nous promet la prise en compte de la pénibilité et c'est à chaque fois bâclé. Normal, si c'est une monnaie d'échange pour obtenir un compromis bancal…
Les cafouillages sur la réforme des retraites mettent en porte-à-faux Laurent Berger, le patron de la CFDT, seul syndicat qui soutient l’instauration d’un système universel par points.
« Soyons clairs, le moment est venu de donner des gages sur la réforme ! », s’est-il écrié, le 8 novembre sur RTL, furieux des atermoiements du gouvernement.
Son bras droit, Frédéric Sève, n’a pas mâché ses mots non plus en confiant ses doutes à « L’Opinion » (12/10):
« C’est une question de méthode, le sujet est déjà assez compliqué sans que l’exécutif ne le complique encore parce qu’il ne sait pas ce qu’il veut. »
L’exaspération de la CFDT n’a guère échappé, évidemment, à l’Elysée.
« On a besoin de Berger, a dit Macron à ses troupes. S’il hausse le ton, c’est pour bien nous faire comprendre qu’il y a une limite à ne pas franchir. Il nous fait passer le message suivant : “Si vous faites le systémique (la réforme par points) et, en plus, du paramétrique (un recul de l’âge de départ), vous ne m’aurez plus à bord.” »
Pour amadouer le secrétaire général de la CFDT, l’exécutif planche sur la pénibilité, le sujet de prédilection de Berger : à l’étude, un système de bonification des points de retraite en fonction de la pénibilité du travail.
Vaste programme.
Dans le Canard enchaîné du 13 novembre 2019.