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——————————— Sunday 15, April 2018 ———————————

La dette va bon train

Il y a au moins deux raisons pour lesquelles le gouvernement ne veut pas s'engager publiquement en faveur d'une reprise de la dette de la SNCF - 46 milliards, en hausse de 3 milliards chaque année.

La première tient au traité de Maastricht. « Si nous annonçons la reprise de la dette, la Commission européenne nous l'imputera immédiatement », explique un ministre.

La seconde est stratégique : le gouvernement veut attendre la fin des négociations avant de dévoiler la totalité de son jeu.

« Il faut que chacun y mette du sien », a ainsi avoué Elisabeth Borne dans une interview à "Sud Ouest Dimanche" (8/4). Avant d'annoncer une reprise de la dette, nous devons nous assurer que celle-ci ne va pas se reconstituer. Les français ne comprendraient pas que l'on annonce dans dix ans une nouvelle dette de la SNCF. Nous voulons donc nous assurer que la SNCF ne s'endettera plus. »

Une solution est envisagée en haut lieu, inspirée de ce qui fut réalisé pour le Crédit lyonnais : créer, à côté de la SNCF, une « structure de défaisance » de la dette. Elle serait en partie abondée par une taxe sur les billets de train !

Une taxe de plus, voilà une idée qu'elle est bonne pour que les usagers du rail se mettent à leur tour en grève, au moins de billets !

La troisième raison est politique : démontrer que le public c'est nul, ce n'est pas efficace, ça s'endette de partout, donc on arrête les gamineries de gauchos et on laisse le privé gérer tout ça et tout ira beaucoup mieux pour tout le monde (usagers, salariés, tout le monde on vous dit).

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

Européennes : ratages et râteaux de Macros

Panique à bord ! Alors que les élections européennes arrivent à grands pas (mai 2019), Macron n’a toujours pas réussi à se faire des amis pour constituer un groupe et exister au Parlement européen. Sans groupe, hélas, pas d’argent, pas de postes clés (présidents de commission, coordonnateurs, rapporteurs, etc.) et aucune chance de peser sur les positions et les nominations de la Commission…

Macron a d’abord rêvé d’une romance avec Merkel. Mais le parti de la Chancelière, la CDU, n’a aucune envie de quitter le PPE (Parti populaire européen), qui rassemble en Europe les mouvements de sa sensibilité. Scheisse ! Et En marche ! ne peut pas non plus rallier le PPE, qui abrite tous les partis conservateurs, parmi lesquels le Fidesz de Viktor Orban…

Erasmus, à l’aide !

Le rêve allemand évanoui, Macron et ses émissaires se sont tournés vers l’Espagne dans l’espoir de monter une alliance avec Ciudadanos. Un parti jeune, progressiste et libéral : c’était parfait. Mais l’Elysée a mis un certain temps à comprendre que, pour son chef, le jeune et fringant Albert Rivera, les élections enropéennes n’étaient pas une priorité. Les rencontres n’ont débouché sur rien de concret. No pasarân, Manuel !

Et l’Italie ? Le PD transalpin (Partito democratico, centre gauche) s’est montré réceptif. Problème : les Macron boys ont pris langue au même moment avec le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo. Révélés par le journal italien « Il Foglio », les contacts entre les deux formations ont douché le PD, dont un dirigeant a fustigé l’« amateurisme » de l’Elysée. Les contacts pris avec les partisans de Beppe Grillo ont semé la zizanie jusque dans le camp Macron, Europe En Marche pendant un communiqué de fin de non-recevoir très vif, retiré par LRM. Ciao ragazzi !

SOS amitié

La logique aurait voulu que l’Elysée contacte le groupe libéral européen (Alde), sorte d’auberge espagnole où cohabitent des centristes de gauche et de droite de tous pays, plus quelques eurosceptiques (FDP allemand). Mais Macron n’a pas souhaité rencontrer son chef, le Flamand et ancien Premier ministre Guy Verhofstadt. « Il n’est pas assez docile, [le Président] s’en méfie », raconte un eurodéputé français.

Après cette histoire belge, Dany Cohn-Bendit a convaincu Macron de tenter un rapprochement avec les Verts européens, moyennant l’appui de quelques Grünen allemands. Mais l’initiative de (Cohn-Bendit a eu très peu d’écho. L’Elysée a laissé entendre que Pascal Canfin, ancien ministre (EELV), pourrait se rallier. Furax, l’intéressé a fait savoir qu’il n’avait jamais été approché !

Macron mise sur son grand discours au Parlement européen, le 17 avril, pour susciter l’envie. Il comptait faire une allocution jupitérienne et tourner les talons. Seulement, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, lui a rappelé qu’il était dans les usages de débattre avec les élus. « Une chose est sûre, prévient l’eurodéputé Vert Pascal Durand : si Macron persiste dans son attitude bonapartiste, ça ne marchera pas en Europe. »

Ça peut même finir à Waterloo.

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

SwissLeaks : le lanceur d'alerte en attente de son extradition

Le lanceur d'alerte et ancien informaticien franco-italien de la banque HSBC Hervé Falciani, à l’origine des SwissLeaks, a été arrêté, le 4 avril, par la police de Madrid à la demande de la Suisse, qui réclame son extradition. il a été relâché le lendemain mais ne peut quitter le pays dans l’attente de l’examen » de cette demande. 11 a été arrêté au moment où il allait participer à un débat sur la protection des lanceurs d’alerte.

Au cas où il n’aurait pas compris…

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018 (je suis l'auteur du titre du shaarli).

Les farces et attrapes de la grande réforme électorale

Proportionnelle, nombre de parlementaires, cumul… La cuisine du chef Macron tourne à la tambouille politicienne.

Les ordinateurs de l’Intérieur sont formels : l’introduction d’une part de proportionnelle pour les législatives — fixée à 15 % par Emmanuel Macron et couplée à une baisse de 80 % du nombre de parlementaires — ne devrait pratiquement rien changer. Appliquée au résultat des élections de juin 2017, cette dose de proportionnelle n’écornerait que très légèrement la majorité de 58 % des sièges remportée par les seuls candidats LRM. Le parti présidentiel se retrouverait avec environ 205 sièges sur un total de 404.

« Dans ce cas, nous restons majoritaires sans avoir besoin du MoDem et de François Bayrou, et c’est ça le plus important », confesse au « Canard » une huile gouvernementale.

Allez savoir pourquoi, Bayrou » qui revendiquait 25 % de députés à la proportionnelle — n’apprécie guère la plaisanterie… (lire p. 2).

Fiefs a l’encan

L’élection de 61 députés à la proportionnelle va permettre aux petits partis de grappiller quand même quelques s1èges. Mais ils devraient en reperdre à peu près autant avec les 343 places qui seront at— tribuées au scrutin majoritaire. Et pour cause : plus les circonscriptions seront étendues, plus les fiefs électoraux des petits partis se retrouveront dilués dans des territoires dominés par les grands partis.

Par exemple, les Hauts-de-Seine comptent aujourd’hui 13 « circos » (dix LEM, deux LR et une PCF). Demain, avec un département réduit à seulement 7 ou 8 circonscriptions, ce sont les communistes qui devraient passer à la trappe. Même constat dans l’Allier ou les Bouches-du-Rhône.

Au FN, Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, et ses alliés Emmanuelle Ménard et Gilbert Collard pourraient être rayés de la carte électorale. Une partie des sièges détenus par La France insoumise risquent également de connaître le même sort.

De quoi, sûrement, faire sangloter l’Elysée…

La ficelle du chef

Pour réduire encore les effets de l’introduction de la proportionnelle, le gouvernement pense avoir trouvé une astuce d’une kolossale finesse.

Au lieu de voter deux fois, — une fois pour la proportionnelle et une fois pour le scrutin majoritaire —, l’électeur ne mettrait qu’un seul bulletin dans l’urne, et son vote serait crédité en même temps pour le candidat choisi et pour la liste nationale que celui-ci soutient. L’Elysée et Matignon espèrent ainsi éviter un éventuel effet « défouloir » de ce nouveau mode de scrutin qui conduirait des électeurs à voter LRM au scrutin majoritaire et pour un autre parti au scrutin de liste.

A part ça, comme disait Macron le 5 juillet a la tribune du Congrès, à Versailles, la mise en place d’« une dose de proportionnelle » va permettre à « toutes les sensibilités [d’être] justement représentées » au Parlement…

Le casse-tête des ciseaux

Selon tous les experts consultés, le passage a 343 circonscriptions départementales — soumises au scrutin majoritaire — semble relever de la mission quasi impossible. Du moins sans piétiner les règles d’équité établies par le Conseil constitutionnel.

Par exemple, ledit Conseil a décidé, en 2009, que l’écart maximal de population entre deux « circos » d’un même département ne devait pas dépasser 20 %. Mais, avec seulement 343 députés élus au mode majoritaire, cet écart augmenterait mécaniquement, pour atteindre de 39 à 41 % dans certains départements, à en croire les calculs des conseillers de Gérard Larcher.

Des calculs aussi innocents et désintéressés que ceux de Macron.

Lozère de rien

Encore plus ennuyeux : si la norme d’au moins un député par département annoncée par le Premier ministre devait être respectée, les 76 000 habitants de Lozère pèseraient aussi lourd à l’Assemblée que les 290 000 personnes résidant dans l’Orne. Et ce n’est qu’un exemple…

Dans le système à 577 députés, l’élu de la circonscription la plus peuplée (la 6e de Seine-Maritime) représentait 2,4 fois plus d’électeurs que son collègue de la moins peuplée (la 2° des Hautes-Alpes). Demain, avec la réforme, cet écart pourrait atteindre un facteur 4 !

Pour échapper à ce piège, le gouvernement aimerait s’affranchir, dans certains cas, des limites départementales et créer de nouvelles circonscriptions à l’échelle des régions. Mais il faudrait qu’il obtienne que le Conseil constitutionnel accepte de revoir sa jurisprudence. En raison de l’« ampleur de la réforme envisagée », explique aujourd’hui un conseiller de Matignon.

Comme si c’était le genre des conseillers, d’accepter de manger leur chapeau…

A se taper le cumul par terre

Autre réforme, mais cette fois symbolique, de Macron : la limitation du cumul dans le temps des mandats électoraux, qui ne pourront pas excéder le nombre de trois. « Symbolique » est bien le mot.

Et d’un : cette disposition ne concernera qu’une infime minorité d’élus. Aujourd’hui, elle ne toucherait, par exemple, que 12 sénateurs. Et tous les maires et les patrons de collectivités de moins de 9 000 habitants en seraient exonérés, soit 95 % d’entre eux. Et de deux : le compteur repartira de zéro en cas d’interruption du mandat durant un laps de temps qui devrait être fixé à un an.

Il suffira donc à un élu de troquer pour un moment son fauteuil de maire contre celui de président de la métropole ou de la communauté urbaine concernée pour en ressortir vierge de tout cumul. Les parlementaires nommés au gouvernement se verront reconnaître la même virginité à la fin de leurs fonctions ministérielles.

Dernière entourloupe : le décompte devrait commencer par un coup d’éponge général. Sauf revirement de dernière seconde du gouvernement, le premier mandat pris en compte sera celui obtenu à l’issue des prochaines élections. Un maire élu pour la première fois en 2001 pourrait, si les électeurs le veulent, rempiler pour trois mandats de plus à partir de 2020 et rester en place jusqu’en… 2038.

Soit trente-sept ans de mandat sans interruption !

Merci, Macron !

Ce qui m'apparaît important, c'est de refuser la réduction du nombre de parlementaires surtout au motif de faire des économies. Moins de député⋅e⋅s, c'est moins de représentation. Une même personne ne peut pas représenter plus de 70 000 personnes, c'est impossible. Alors cette personne représentera son parti et votera tout ce qu'il lui demande de voter. Il est impossible de se sentir concerné par les problèmes et préoccupations, tous différents, de 70 000 personnes. Il est impossible d'éprouver de l'empathie pour une masse, informe, de 70 000 personnes. Il est impossible d'être à l'écoute, par téléphone, courrier, mail ou présentiel, de 70 000 personnes, ça ne loge pas dans un agenda, même en travaillant 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Il est impossible d'être proche de 70 000 personnes, de les connaître, de savoir ce qu'elles font (et je ne parle pas uniquement du travail), de savoir de quelle (absence de) régulation auraient besoin ces personnes dans leurs activités, etc. À 70 000 personnes, on ne travaille plus à une échelle humaine, mais à une échelle industrielle avec des statistiques, des suppositions, des profils démographiques, etc., bref, des outils qui permettent de traiter de la masse : "ma circo est environ composée de tels types de personnes, il faudrait donc faire ça et ci". C'est aussi cette abstraction, mais pas que, qui donne l'impression que nos politicien⋅ne⋅s sont hors du réel. C'est cette abstraction qui donne aussi, en partie, du pouvoir aux lobby qui eux, sont palpables, existent physiquement devant l'élu⋅e. Mais ces représentant⋅e⋅s pourraient être complétés par des citoyen⋅ne⋅s bien vivant⋅e⋅s eux⋅elles aussi et ça permettrait de créer du lien entre élu⋅e⋅s et citoyen⋅ne⋅s. En tout cas, je le pense.

Il est grand temps de proclamer que l'important, c'est chaque citoyen⋅ne, individuellement, et de se donner les moyens de les écouter. C'est une piste pour améliorer notre démocratie représentative en attentant possiblement mieux (démocratie directe, démocratie liquide, etc.).

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

Les caisses Agirc et Arrco inventent la retraite à 63 ans !

Deux petits articles glissés dans l’accord signé en 2017 entre les caisses de retraite complémentaire — l’Agirc (cadres) et l’Arrco (salariés) — sont passés inaperçus. Ils risquent pourtant de devenir très populaires auprès de quelque 300 000 salariés candidats, chaque année, à la retraite. Et pour cause : ils font reculer d’un an l’âge légal de la retraite à taux plein. Après le psychodrame de la hausse de la CSG sur les pensions, le succès est assuré !

Aux termes de ces articles, les futurs retraités qui, à partir de 2019, auront 62 ans — âge légal de départ — verront leur pension complémentaire amputée de 10 % pendant trois ans. Même s’ils ont cotisé le nombre de trimestres nécessaire ! Seule façon d’échapper à cette punition : travailler une année de plus.

L’entourioupe a commencé en novembre 2017, lorsque les partenaires sociaux gérant l’Agirc et l’Arrco ont conclu un accord pour sortir du déficit. A cet effet, les articles 98 et 99 — noyés parmi 155 autres — créent un explosif « coefficient de solidarité », siphonnant un dixième des pensions complémentaires Agirc-Arrco à partir de l’an prochain.

En 2020 le même sort sera réservé à la génération 1958 — arrivant à l’âge de 62 ans —, en 2021 à celle de 1959, etc. Le régime Agirc-Arrco va ainsi permettre d’économiser 180 millions d’euros par an.

Chômeurs très abattus

Le représentant du Medef ne cache d’ailleurs pas son but : « inciter les assurés à partir à la retraite plus tard que l’âge légal », a-t-il déclaré aux « Echos » (29/3), Des syndicats ont également signé l’accord, mais pas FO ni la CGT.

Les mécontents qui ne veulent pas voir leur pension baisser devront donc travailler une année de plus. Quand ils feront jouer leurs droits, leur pension complémentaire sera à taux plein. L’accord prévoit aussi que les candidats retraités bossant deux années de plus gagneront, à l’issue de ces deux ans, un bonus de 10 % sur leur retraite — voire 20 % pour trois ans de plus. Sauf que ces bonus ne seront accordés que pendant un an !

Quant aux chômeurs, ils n’auront pas le choix : ceux qui auront acquis les trimestres nécessaires pour partir à taux plein seront priés de liquider leur retraite illico avec, donc, un abattement de 10 % sur leur pension complémentaire.

Il leur suffira de retrouver du travail pour pouvoir cotiser une année de plus !

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

Mandats en or à la CFTC

Enfin un syndicaliste payé à sa juste valeur ! Patrick Del Grande, le président de la minuscule fédération CFTC du bâtiment et des travaux publics, y émarge au discret salaire mensuel brut de… 17 000 euros. Sa numéro 2, Caroline Tykoczinsky, gagne à peine moins. Leurs salariés, eux, se plaignent d’être payés « une misère ».

Même la Sécu s’est offusquée. Comme la plupart des organismes sociaux, elle rembourse en enffet aux employeurs les heures que les représentants syndicaux passent à siéger et à travailler au sein des instances. Or le président et son adjointe collectionnent les mandats. Ils ont l’un et l’autre présidé la caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de Meurthe-et-Moselle, dont ils sont toujours conseillers.

Del Grande vient aussi d’être réélu à la tête de la caisse des allocs et siège à l’Urssaf ou encore à la caisse de retraite de la branche, la Carsat… « Leur rémunération exorbitante est largement financée avec cet argent public », résume Jérôme Karsenti, l’avocat de la CPAM. Selon lui, Caroline Tykoczinsky a « exagéré les déclarations [d’heures passées à siéger dans tous ces machins] pour gonfler les rem boursements » versés par la Sécu à la CFTC.

Mais que fait la justice ? Une enquête est ouverte au parquet de Nancy depuis 2007, et Del Grande a été mis en examen, en 2012, pour une histoire de salaire surévalué à la CFTC et à Pôle emploi. Les deux intéressés n’ont pas répondu à nos questions. Dommage : la mafiingale aurait pu tenter d’autres syndicalistes. Quant à la direction nationale de la confédération chrétienne, elle reste muette. Les calottes
sont coites.

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

Google et le Pentagone travaillent de concert pour des frappes par drones ?

Les tuiles continuent pour les malheureux patrons des Gafa, et pas seulement à cause des menaces de sanctions fiscales brandies depuis des lustres par les Européens. « Les Echos » (6/4) signalent que « des salariés [de Google] demandent à la direction d’abandonner la participation à un projet du Pentagone », appelé « Maven », consistant à utiliser l’intelligence artificielle « pour interpréter des images vidéo (…) dans des surveillances et des frappes par drones ». Pour Facebook, ça se gâte aussi. « Le Farisien » (8/4) annonce que « la Cnav [l’assurance vieillesse] a fermé sa page Facebook pour protéger les données personnelles de ses usagers ».

Comme si les petits secrets de nos chers retraités pouvaient intéresser les politiciens américains indélicats…

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018 (je suis l'auteur du titre du shaarli).

Une justice très à l’écoute…

Une mainmise accrue des procureurs [ NDLR : donc de l'exécutif ] sur les procédures, l’extension des intrusions dans la vie privée et la multiplication des visioconférences : voilà ce que promet, entre autres réjouissances, le projet de réforme de la justice. Pas sûr, pourtant, que le texte qui sera présenté le 18 avril en Conseil des ministres sortira indemne de son examen par le Conseil d’Etat, dont un éminent membre confie que « certaines dispositions posent problème ». Et c’est peu dire.

Aujourd’hui, autorisées pour les délits passibles de 5 ans de prison, les écoutes téléphoniques, interceptions électroniques, géolocalisations et perquisitions pourraient l’être demain pour les infractions punies de 3 ans. Soit quasiment toutes, depuis le vol à l’étalage… Et ce sera au procureur d’en décider, sans même le regard d’un juge indépendant. Vous pensez que ça ne touchera que les vilains délinquants ? Erreur ! Avec eux, leur famille, leurs proches, leurs copains seront aussi écoutés et localisés.

Quant a la visioconférence, elle sera étendue partout où c’est possible afin d’éviter de coûteuses extractions de prison et les voyages d’experts ou de témoins. Hélas, le terme pompeux de « visioconférence » recouvre des écrans crachotants, et, de ceux qui y apparaissent, on ne capte souvent qu’une voix lointaine et un visage brouillé.

Bon courage pour te défendre dans ces conditions… :(


Sans compter le flou artistique du projet sur la fusion des tribunaux d’instance — dits « de proximité » — avec leurs grands frères, dits, eux, « de grande instance ». Du coup, ce mercredi 11 avril, magistrats, avocats ou greffiers vont manifester devant la Chancellerie contre « une justice déshumanisée ».

Tout de suite les grands mots, quand il ne s’agit que de petites économies…

Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.

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