François président, ça envoie beaucoup de rêve.
[...] Aux forces de résistance et autres syndicats « arc-boutés sur leurs acquis », il opposera la gendarmerie.
Invité ce lundi 5 septembre au soir par une dizaine d’associations libérales (Contribuables associés, Students for liberty, Association pour la liberté économique et le progrès social, etc.) à se plier au jeu des questions/réponses sur son programme, François Fillon a passé plus d’une heure et demie à essayer de convaincre que, cette fois, le pays était mûr pour le grand soir libéral.
« Un de mes concurrents, pour m’attaquer, a dit : “Mais il est thatchérien !” ; il s’est trompé, car cela m’a fait plaisir ! » lance pour commencer le candidat à la primaire de la droite sous les applaudissements de la salle. « On peut lui reprocher plein de choses, mais c’est elle qui a remis debout l’économie britannique, ajoute-t-il. Qu’est-ce qui restera du quinquennat de M. Hollande dans les livres d’histoire ? Rien. Thatcher, on sait. »
Lorsqu’il évoque la suppression de toute durée légale de travail, comme l’une des six ou sept mesures à prendre d’urgence, la salle applaudit à tout rompre. [...]
Le code du travail – « aujourd’hui plus de 3 000 pages » – sera ramené avec lui à 150 pages, tout le reste étant soumis à la négociation. « Pourquoi je veux des accords d’entreprise ? Parce qu’après personne ne pourra revenir dessus. Même en cas d’alternance ! » se réjouit-il d’avance.
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Sur l’estrade, un autre intervenant – qui dit se réjouir de l’annonce de la suppression de l’ISF, un impôt « stupide, immoral et destructeur »– l’interroge alors sur sa volonté de s’attaquer à la suppression de la progressivité de l’impôt sur le revenu, qui « punit les talents ». Faire contribuer plus ceux qui gagnent plus ? Un « tabou qui règne en France », affirme-t-il. Fillon, tout sourire, promet à tout le moins de « baisser cette progressivité » et surtout assure que « [sa] priorité sera d’envoyer, dès le mois de juillet, un signal très fort aux entreprises ».
Ainsi, parmi les mesures d’urgence à prendre afin de « recréer un capitalisme français alors qu’on n’a eu de cesse d’essayer de le faire partir » : alléger de 60 milliards d'euros les charges qui pèsent sur les entreprises, supprimer l’ISF et instaurer une « flat tax » de 30 % sur les revenus du capital. Autant de mesures qui ne profiteront qu'aux plus riches contribuables.
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« Pensez-vous vraiment qu’on puisse réformer l’école publique si nous ne la mettons pas en concurrence ? » s’agace quelqu’un dans le public, vantant les succès de l’enseignement privé « obligé de refuser du monde ». Celui qui se voit en dynamiteur de tous les conservatismes assure qu’il faudra revoir le contingentement – tacite – qui plafonne à 20 % le nombre d’établissements privés sous contrat. « Il faut faire sauter tout cela », concède-t- il, se disant favorable à l’expansion des écoles privées. « À condition que ces établissements soient compatibles avec les valeurs qui sont les nôtres... Vous comprendrez ce que je veux dire », ajoute-t-il avec un sourire entendu à une salle qui n’a, dans le climat actuel, pas besoin qu’on lui explique qu’il vise l’enseignement privé musulman.
Il reconnaît que, à l’instar de Mme Thatcher, sa potion libérale devra s’imposer à la hussarde. La Constitution de la V e République offre, fort heureusement, quelques possibilités. « On procèdera par ordonnances, s’il le faut, dès le mois de juillet », précise le candidat Fillon, qui veut, en plus de réduire leur nombre, imposer aux parlementaires de travailler durant tout ce premier été. Pour, admet-il, « passer en force ».
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Pour lui, les syndicats en sont aujourd’hui réduits « à des actions désespérées comme le blocage des dépôts de carburant. Nous, on a envoyé la gendarmerie, cela s’est très bien passé [lors des blocages contre la réforme des retraites en 2010 – ndlr]. S’il faut le faire, on le refera ! ». Autre menace, qui fait trembler le pouvoir, « la grève par procuration : on envoie les lycéens faire la grève à leur place. Mais là, agir en juillet, août, septembre... C’est pas mal ! » s’amuse-t-il.