La progression de la biométrie dans les écoles continue… :(
Au collège Jolimont de Toulouse, pour manger à la cantine, à partir de cette rentrée, c’est soit biométrie, soit carte à l’ancienne. Mais ceux qui refuseront la biométrie passeront en fin de service !
Et comme l'enfant voudra, fort légitimement, manger avec ses ami⋅e⋅s, il est très difficile aux parents, mêmes impliqué⋅e⋅s de ne pas céder à ce chantage. C'est l'effet de réseau habituel…
Antoine, parent d’élève récalcitrant, a rameuté médias locaux (« La Dépêche », 8/9) et réseaux sociaux. En vain. Seule concession obtenue : « On regroupera, pour qu’ils passent ensemble, les enfants qui refusent la biométrie. »
La RCM, reconnaissance du contour de la main, c’est apparemment bien pratique : on glisse la main entre les picots d’un boîtier, on tape son code, on passe… Du coup, tous les parents ou presque ont signé l’autorisation. Antoine se sent « un peu tout seul ».
En 2005, dans un lycée de Gif-sur-Yvette, trois activistes mettent hors d’état de nuire une des premières machines biométriques installées dans une cantine. Et se retrouvent au tribunal. La Ligue des droits de l’homme, le Syndicat de la magistrature, la MGEN (qui évoque l’« avènement de Big Brother »), la FCPE-Paris, qui dénonce l’« éducation des jeunes à l’acceptation de techniques de surveillance », les soutiennent. Ils écopent de 4 mois avec sursis et 1 500 euros d’amende. Le débat est lancé.
Les doigts de l’homme
Neuf années plus tard, le sénateur PS Gaëtan Gorce, inquiet du risque de fichage généralisé, lié à l’ « interopérabilité des systèmes », propose une loi encadrant le recours à toute « biométrie de confort ». L’Assemblée nationale la rejette en 2016, laissant le soin à la Cnil de trancher au cas par cas.
Depuis, dans les cantines, on s’équipe à qui mieux mieux : 13 % de plus en un an, selon Pierre Benguigui, le patron d’Alise, une boîte du secteur. L’an dernier, la Cnil a reçu de 1 038 bahuts l’annonce qu’ils allaient s’équiper en biométrie. Près d’un collège ou lycée sur dix (il y en a 11 300 en tout) ! Ce n’est qu’un début. « Tout ce qui rend plus aisé la vie de l’établissement nous paraît une bonne approche », avance Michel Richard, du syndicat des personnels de direction de l’Unsa.
Quand on met la main dans l’engrenage…
Dans le Canard enchaîné du 11 octobre 2017.