La banque du Vatican ne serait toujours pas ordonnée (dans les années 80, elle fut accusée de blanchir le fric de la mafia italienne) : opacité totale, même vis-à-vis du pape, 90 % des dépenses seraient faites en dehors des règles fixées, solde de comptes de dépôt pour cardinal dépassant les 2 millions d'euros (l'œuvre de Dieu enrichit, que veux-tu), commissions versées pour l'achat d'un immeuble, etc. À côté de ça, la décision a été prise d'intégrer, en Amazonie, des hommes mariés comme prêtre. Les femmes n'étaient pas autorisées à voter.
Après les scandales de pédophilie, les complots pour déstabiliser le pape et les menaces de schisme, ça chauffe encore au Vatican.
L’un des principaux adjoints du pape, le cardinal Marc Ouellet (préfet de la Congrégation pour les évêques), descend ainsi en flammes les annonces faites par son saint patron à l’issue du synode pour l’Amazonie (« Le Figaro », 28/10). Son Eminence dénonce la décision d’ouvrir la prêtrise locale à des hommes mariés et se fait l’apôtre d’un célibat pur et dur. Un peu comme si Castaner fustigeait la politique de Macron…
Pour les non-initiés, les débats de ce synode amazonien ont eu des airs de discussions pré-historiques. Fallait-il faire voter les femmes présentes dans cette assemblée ? La réponse a été un non papal.
Les progressistes du Vatican se rassurent en espérant que les premiers coins enfoncés dans le dogme du célibat vont faire des petits. Les réacs, eux, guettent l’état de santé de ce pape, quasi hérétique à leurs yeux, qui va fêter ses 83 ans en décembre prochain.
En attendant, la fête continue. Comme le révèle un livre du journaliste italien Gianluigi Nuzzi, les grands argentiers du Vatican persistent à faire les quatre cents coups. Selon l’auteur, 90 % des dépenses sont faites en dehors des règles. Le bureau qui gère le budget du souverain pontife et le « denier de Saint-Pierre » « n’admet aucun contrôle sur ses comptes [et] même les gens envoyés par le pape n’y ont pas accès », s’étonne « La Croix » (23/10).
La banque du Vatican (IOR), prétendument remise au pas, héberge, malgré les interdictions, des comptes personnels de cardinaux avec des dépôts dépassant les 2 millions d’euros. Le pape, furieux, aurait exigé qu’ils soient fermés « im-mé—dia-te-ment ». Mais personne ne sait s’il a été obéi. Enfin, de nouvelles affaires ont éclaté, telle la révélation de commissions versées pour l’achat d’un immeuble de luxe à Londres.
En prime, le déficit courant de la maison ne cesse de se creuser. Il devrait atteindre 95,3 millions cette année, pour un budget d’environ 500 millions. Mais impossible d’en savoir davantage : le Vatican ne publie plus de comptes précis depuis 2013 et l’élection du pape argentin. « Perseverare diabolicum », comme disent les latinistes. ..
Dans le Canard enchaîné du 30 octobre 2019.