A six mois de la présidentielle, l’ambiance en France est très particulière. Médiatiquement, politiquement et socialement, les discours les plus primaires et les plus réactionnaires ont recouvert la plupart des réflexions. L’espace politique français — au sens large — est passé des débats de société de fond aux polémiques les plus puantes. Ce constat est possible non pas par la seule observation des chaînes de télévision ou de radio les plus plébiscitées, mais aussi par les titres de la presse papier et internet, ainsi — et surtout — que les échanges sur les « grands » réseaux sociaux. Le chaudron commence à bien bouillir, rempli d’ordures, et son odeur se répand de plus en plus fortement, recouvrant la plupart des paroles, actes ou initiatives « progressistes ».
Oui, alors les côtés « scoop » et le côté « c'était mieux avant » qui transparaissent dans cet article, pleeeaase quoi. Surtout que l'article cite bien des illustrations du Chirac du début des 90's qui disait déjà de la merde. La déchéance de nationalité ne date pas non plus des élections à venir. Frontex non plus. Le bullshit servi au moment des élections régionales était le même qu'en 2002. « Les Français sont des veaux » (donc incultes, qui suivront le mouvement impulsé par le chef) c'est du De Gaulle.
C'est le même boxon à chaque présidentielle, au moins sur les 3 dernières. Le débat d'entre-deux tours entre Sarko et Ségo était déjà du grand n'importe quoi rempli de trucs faux. Non mais sérieux, deux gens tout à fait normaux sont priés d'être experts sur tous les sujets et d'en débattre, comme ça, taktak. Ça ne peut pas fonctionner. La personnification des élections est un problème.
Sans compter que le poste est prestigieux et exclusif donc forcément que tu vas raconter nawak et jouer sur les peurs des uns et des autres pour y parvenir.
Au-delà de ça, je n'ai jamais entendu un débat intéressant, ça part toujours en règlement de compte ("vous avez fait ça dans le passé et c'était de la merde qui nous plombe aujourd'hui) et en clivage, ça part en "je te coupe la parole sans arrêt", ça part toujours en débat dans des sous-sous-sous-sujets, ça part toujours en noyage de poisson. Le temps vient à manquer (et même si on organisait des débats de 12 ou 24h ou 36h, ça ne changerait rien, c'est un problème de mentalité). Il n'y a jamais rien de constructif, rien à en tirer. C'est inaudible et le débit mitraillette est impossible à suivre. Je pense par exemple à l'échange entre Copé et Duflot sur BFMTV la semaine passée mais c'est clairement général et depuis aussi longtemps que je m'en souvienne.
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Désormais, le populisme se déclare comme un mode politique de proximité du peuple, de parler vrai [au peuple], de se préoccuper des problèmes du peuple, de vouloir le bien du peuple, etc… La réalité du populisme est pourtant toute autre, puisqu’il est à la fois historiquement et politiquement le ferment du fascisme. Le plus grand populiste de l’histoire contemporaine est Mussolini. Ses discours, son comportement, toute sa sinistre carrière politique sont basés sur ce concept de populisme. Le Duce a été copié de nombreuses fois, et peut-être jamais égalé, encore que…
Nationalisme, patriotisme, racines [des origines], grandeur [perdue] à restaurer, analyses et solutions simples, à la portée de tous, gouvernance de « bon père de famille », paternalisme donc, et déclaration des « ennemis » à abattre, ou des minorités à contraindre sont les principaux ingrédients qui nourrissent la recette du populisme dans ce chaudron pestilentiel.
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Pour résumer le populisme français : il se situe dans la croyance qu’une majorité d’électeurs sont mécontents, qu’ils sont plutôt incultes, qu’on peut leur faire croire que leurs problèmes sont avant tout causés par une partie de la population étrangère à la « patrie originelle » (gauloise ?), ou cause de blocages créés par des groupes d’intérêts qui prennent tout le monde en otage (les syndicats en général) et que le bons sens, l’évidence dans les décisions à prendre, sont celles que prendraient n’importe quel « bon père de famille ».
Dans ce registre, le populisme résume chaque cause d’un problème à un unique facteur. Pour le concept du chômage et de « l’emploi » : c’est à cause des « charges » sur les salaires (qui sont en réalité, les cotisations sociales pour abonder les recettes publiques et maintenir le système de répartition collectif) qui empêchent la compétitivité. Pour l’insécurité, c’est le communautarisme, le refus de l’intégration et le radicalisme religieux.
Bonne définition du populisme, je me garde ça.
[...] Le débat sur la énième réforme de l’éducation nationale s’est effectué sur les horaires, l’apprentissage pur des fondamentaux ou l’éveil des enfants en groupe, le rétablissement de l’uniforme pour certains, la sécurité scolaire et introduire des tablettes informatiques pour faire rentrer le numérique dans l’éducation nationale…
Ben… comment dire… je vais faire dans le populisme mais il suffit d'écouter les parents (et ça ne date pas d'hier) : ça cause de choses extrêmement matérielles donc horaires, menus de la cantine (histoire de pas refaire des frites le soir si y'en a eu le midi, lol), poids du cartable, sécurité de l'école, etc. À moment donné, nier que les débats sont à l'image du monde, c'est se voiler la face et c'est dangereux. Il faut bien se dire que les grands idéaux comme apprendre à apprendre, l'école décentralisée (à la maison, distance, tout ça), ça ne sort pas de terre comme ça, faut attendre que ça germe donc en attendant, il faut bien gérer la situation concrète, matérielle. Ce n'est pas contradictoire, c'est une question de proportion. Et c'est comme ça dans tous les domaines de la vie.
[...)
En fait dans l’esprit de la fachosphère IRL ou sur le réseau, il existerait une société immuable, figée, depuis les années 50, une France du Général de Gaulle, qui n’aurait pas bougé. Ou si, qui aurait été forcée de se cacher dans des caves, tandis que les Sarazin, les Chinois, les Martiens, peut-être, auraient peu à peu investi les appartement, les maisons et les commerces laissés vacants par la population gauloise, fuyant vers les caves.
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Par extension, l’immigration qui ferait tant de mal aux Gaulois, selon l’extrême-droite, est une sorte de cellule dormante des islamo-nazis. A l’inverse, les Gaulois, sont des gens bien sous tout rapport. Encore une fois, la globalisation est à l’œuvre. Ce serait considérer que tous les Gaulois sont des gens parfaits alors qu’une foule d’études scientifiques très sérieuses prouvent qu’il y a de nombreux crétins durs dans cette population. Même des gens agressifs, violents, délinquants, terroristes, assassins, homophobes, sexistes… Bref de tout, comme partout. Mais sortir de la généralisation, c’est un peu compliqué pour notre fachosphère.
Oui, la peur du changement et le bouc-émissaire sont hyper connus : "nous on atteint la perfection, il ne faut plus rien changer, c'est l'autre qui a tort et vu qu'il est pas comme moi bah lala".
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Nous sommes arrivé à un moment où le tempo de l’actualité est rythmé à moitié par les tweets ravageurs de politiciens ou des citations de leurs discours, d’extraits d’interviews. Le tout en 140 caractères maximum. Ou avec un post sur un mur. L’approximation, la fausseté, voire les mensonges les plus flagrants sont ainsi relayés à la vitesses des tuyaux numériques. Un petit maire de droite extrême bien raciste ordonne une interdiction de tenue de plage portée par quelque femmes d’origine maghrébine, et c’est un buzz médiatique qui dure un mois. Un mois… Emportements, militantisme, rejet, agacement, indignation, tout y passe…
C’est en fait une nouvelle période qui s’est ouverte, celle de la création des sujets d’actualités politiques par la foule, ou par les « stars des réseaux sociaux », qu’elles soient des politiques ou non. Les groupes militants de tous bords sont donc très friands de ce phénomène, puisqu’en quelques clics, voire quelques aides automatisées (principe de l’astroturfing), une foule se crée, prête à en découdre, à défendre, attaquer, se plaindre, s’indigner, mais dans tous les cas : fait parler d’elle et surtout de son sujet.
Oui, le traitement de l'information est un vrai problème. Mais, d'un côté, je me dis que les petites phrases assassines sont des révélateurs, qu'elles donnent le ton. Macron et son costard, on sait à quoi s'attendre en choisissant le projet de société de ce mec-là. Sarkozy et ses Gaulois, on sait aussi à quoi s'attendre. Ça reste trop succinct, certes mais ça donne une idée. L'absence d'autres voix, d'autres choses que des petites phrases est problématique, pas de problèmes avec ça.
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Un article reprenant celui de Viner cherche à comprendre ce qu’il se passe au delà de l’amplification des rumeurs et de l’emballement des foules sur les réseaux sociaux. Un phénomène très important est celui de l’influence des algorithmes et de l’enfermement des usagers des réseaux dans leurs propres convictions, dans leurs propres sphères de croyance.
Là encore, rien de nouveau : le bistro du coin et ses habitués avaient leurs sphères de convictions. Les familles ont aussi leurs sphères de convictions qui perdurent. Nous avons aussi de telles sphères avec nos ami-e-s. Donc le coup des méchants réseaux sociaux, pleeeaaase, quoi, ils ne font qu'abolir les distances donc fusionner des sphères de convictions.