Enfin un syndicaliste payé à sa juste valeur ! Patrick Del Grande, le président de la minuscule fédération CFTC du bâtiment et des travaux publics, y émarge au discret salaire mensuel brut de… 17 000 euros. Sa numéro 2, Caroline Tykoczinsky, gagne à peine moins. Leurs salariés, eux, se plaignent d’être payés « une misère ».
Même la Sécu s’est offusquée. Comme la plupart des organismes sociaux, elle rembourse en enffet aux employeurs les heures que les représentants syndicaux passent à siéger et à travailler au sein des instances. Or le président et son adjointe collectionnent les mandats. Ils ont l’un et l’autre présidé la caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de Meurthe-et-Moselle, dont ils sont toujours conseillers.
Del Grande vient aussi d’être réélu à la tête de la caisse des allocs et siège à l’Urssaf ou encore à la caisse de retraite de la branche, la Carsat… « Leur rémunération exorbitante est largement financée avec cet argent public », résume Jérôme Karsenti, l’avocat de la CPAM. Selon lui, Caroline Tykoczinsky a « exagéré les déclarations [d’heures passées à siéger dans tous ces machins] pour gonfler les rem boursements » versés par la Sécu à la CFTC.
Mais que fait la justice ? Une enquête est ouverte au parquet de Nancy depuis 2007, et Del Grande a été mis en examen, en 2012, pour une histoire de salaire surévalué à la CFTC et à Pôle emploi. Les deux intéressés n’ont pas répondu à nos questions. Dommage : la mafiingale aurait pu tenter d’autres syndicalistes. Quant à la direction nationale de la confédération chrétienne, elle reste muette. Les calottes
sont coites.
Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.