Entretien avec Michel Collon, journaliste-écrivain, à propos de géostratégie et des mensonges permettant de justifier une guerre. C'est très intéressant, j'en recommande vivement le visionnage.
- 1990-91 : festival de mensonges permettant de justifier la première guerre d'Irak. Affaire des couveuses volées : sur les conseils de la société de communication Hill & Knowlton, la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington se fait passer pour une infirmière et prétend qu'à l'hôpital de Koweït City, les militaires irakiens ont volé les couveuses des prématurés en jetant ceux-ci à terre (les condamnant ainsi à mort). La marée noire prétendument causée par l'Irak dans le Golfe persique qui porte atteinte aux mignons cormorans. Ça y est : dans l'opinion publique, les Irakiens sont les méchants, on peut aller leur bombarder la tête ;
- 1991-95 : les attaques contre la Bosnie/Croatie puis la prétendue libération du Kosovo en 1999 ciblaient la Yougoslavie afin d'y faire tomber le reliquat de communisme qui foutait la trouille ("on va perdre notre mode de vie, notre voiture, notre maison à crédit !"). Les sociétés nationalisées sont plus souvent la cible de bombardements que les émanations de multinationales ;
- Les incidents du golfe du Tonkin (deux navires US prétendument attaqués par le Vietnam) permirent aux USA d'intensifier les opérations dans le bourbier du Vietnam ;
- La guerre de Libye a aussi eu ses mensonges : Kadhafi forçait ses soldats à utiliser du Viagra afin de violer les femmes en masse (le viol est un classique des mensonges de guerre), Kadhafi bombardait sa propre population à Benghazi, etc. En réalité, l'occident voulait le fric de Kadhafi, notamment son or et le fond souverain libyen, et, surtout, empêcher le financement alternatif de projets de développement en Afrique, ce qui nuit aux intérêts les multinationales qui pillent l'Afrique ;
- Guerre par intermédiaire : la CIA, aidée financièrement par l'Arabie Saoudite et le Qatar, et logistiquement par la Turquie, a formé, dans des camps d'entraînement en Jordanie, des "rebelles" des pays alentours envoyés en Syrie afin de prétendument faire tomber le méchant Bachar et, en réalité, de continuer le plan occidental de recolonisation du Moyen-orient. C'est l'opération Timber Sycamore. Les "rebelles" formés se sont, comme d'habitude, retournés contre les pays occidentaux et ça donne les attentats terroristes islamiques de ces dernières années. Le même genre d'opérations avaient été organisées en Afghanistan contre le méchant Ben Laden. Le terrorisme a aussi été utilisé contre Cuba, le Venezuela, etc. ;
- Le lien entre les réseaux stay-behind dont le réseau Gladio fait partie et des actes terroristes visant à faire passer l'envie aux gens d'être et de voter communiste n'est pas aussi avéré que le laisse entendre Michel Collon. Les réseaux stay-behind étaient des "armées" clandestines basées dans les pays de l'Europe de l'Ouest et coordonnées par l'OTAN visant à repousser un éventuel assaut soviétique durant la guerre froide ;
- Le fameux plan américain de reconquête / recolonisation du Moyen-Orient en 5 ans évoqué deux points plus haut a été énoncé publiquement par le Général US à la retraite Wesley Clark (va savoir comment il est entré au Pentagone en étant à la retraite…). Ce plan viserait 7 pays : Irak, Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et Iran. Si le terme (5 ans) est écoulé, si certains pays semblent aujourd'hui hors d'atteinte des USA (l'Iran, qui détient possiblement la bombe) et si les propos proviennent d'un seul gus (fut-il général), force est de reconnaître qu'on a pu constater une déstabilisation de l'Irak, de la Libye et de la Syrie. De même, les déstabilisations en Afghanistan ont permis de créer un rapport de force basé sur l'approvisionnement en énergie de la Chine. Le contrôle du Pakistan est également important pour contrôler en partie l'océan indien, lieu stratégique pour approvisionner notre monde en choses inutiles. C'est aussi une réponse à la stratégie chinoise du collier de perles qui, d'ailleurs fait monter la tension entre la Chine et l'Inde (l'Inde, rivale économique, se sent encerclée par la Chine).