Candidat à la présidence du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez peut compter sur la mobilisation sans faille des militants de l’Union nationale interuniversitaire (UNI), qui regroupe les étudiants (parfois fort âgés) de la droite pure et dure. Sur Twitter comme sur Facebook ou sur les campus, le syndicat fait ouvertement campagne en faveur de l’ex-lieutenant de Nicolas Sarkozy.
Pour Wauquiez, le retour sur investissement est excellent. En avril 2016, à peine élu président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il s’empresse d’octroyer une subvention de 50 000 euros à l’UNI, somme représentant plus de 7 % du budget de l’organisation étudiante. Sur le papier, il s’agissait d’aider « un projet université / emploi » destiné à l’« insertion des étudiants » de la région lyonnaise. Un an et demi plus tard, l’UNI semble éprouver quelques difficultés à justifier l’utilisation des fonds.
Olivier Vial, 42 ans, son inamovible président, jure que l’UNI a tenu « 60 réunions », « rassemblé 1 500 étudiants » et animé « un site Web et une page Facebook ». Mais les justificatifs ne sont « pas consultables », les pages Internet ont disparu et seulement une demi-douzaine de réunions de « formation à la rédaction d’un CV » ou de causeries dans des bistrots ont laissé des traces. La plaisanterie est censée avoir coûté 100 000 euros. « Si le syndicat en a dépensé quelques milliers, c’est le bout du monde », soupire un militant en rupture de ban.
UNI derrière Laurent
Autre gâterie de Laurent Wauquiez : une seconde subvention — de 60 000 euros, celle-là —, accordée en septembre 2016 à l’Agence pour la valorisation de l’engagement (AVE). Faux nez de l’UNI, l’Agence est supposée encourager le « volontariat » et le « service civique ».
La somme était destinée à financer « un guide de l’engagement des 15-25 ans en Auvergne-Rhône-Alpes et à organiser des rencontres entre jeunes et acteurs de l’engagement en 2016 ». Dans les faits, l’AVE s’est contentée de distribuer des brochures dans une vingtaine de villes durant l’été 2017. Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France, a également financé l’AVE, à hauteur de 35 000 euros, en 2016. Pour quel boulot effectif ? « Je n’ai pas de comptes à vous rendre ! » assène le président de l’AVE, Nicolas Rivard.
Cette association, au budget de 170 000 euros par an, salarie… des permanents de l’UNI. Comme son président, Olivier Vial, payé par l’AVE jusqu’en 2015, qui travaillait exclusivement au siège de l’UNI. Nicolas Rivard dément tout emploi fictif mais reste évasif. « Il s’occupait de certaines actions, sur lesquelles je n’ai (décidément !) pas de comptes à vous rendre. » Il a seulement des subventions à encaisser...
Héhé le clientélisme. :) Après, qu'un groupement de droite soutienne le candidat d'un parti de droite, c'est dans la normalité, tout de même.
Dans le Canard enchaîné du 8 novembre 2017.