Quasiment toute la classe politicienne, de la France Insoumise au Front National, en passant par le PCF, Hamon, le PS, Jadot, le MoDem, LR, Dupont-Aignan, exprime sa solidarité envers Richard Ferrand. Très bien, cela démontre, une fois de plus, qu'aucune de ces personnes me représente.
Car, oui, je cautionne la tentative d'incendie de la demeure personnelle de Richard Ferrand si sa nature criminelle venait à être officiellement confirmée par les forces de l'ordre.
Ça suffit de prendre les citoyens pour des pigeons. Ils nous disent que seuls le débat et la co-construction doivent exister ? Que seule une gentille manifestation pacifique à l'itinéraire connu et décidé par une sainte préfecture (comme lors des manifestations contre la loi Travail de 2016) est légitime ? Fort bien. Sauf que ça fait des décennies que la classe politicienne y est sourde. Pour ma part, cela fait bientôt 15 ans que je tente manifestations pacifiques, discussions avec des parlementaires, dépôts d'amendements, discussions avec les régulateurs des domaines qui m'intéressent (comme l'ARCEP), consultations publiques en vue d'un projet de loi, budgets participatifs, faux débat, etc. Le présent shaarli en rend compte. Rien de tout cela fonctionne. Ça consomme un temps fou pour aucun résultat. Le combat, dans sa forme ritualisée, est asymétrique, donc injuste.
Quand, de par ta fonction et ta passivité, tu inféodes le pouvoir législatif au pouvoir exécutif en bafouant la séparation des pouvoirs, tu cherches les emmerdes. Soyons honnêtes et francs. Il est en position de responsabilités, de changer la donne, et il n'en fait rien. Il détient l'opportunité financière et les réseaux sociaux pour exercer une autre fonction, mais il choisit de rester à ce poste. Il est responsable.
Je ne dis pas que la violence est souhaitable. Je dis qu'elle a été provoquée par une indifférence de la classe politicienne à l'égard des citoyens. À chaque fois, la classe politicienne veut contrôler les moyens d'expression du citoyen et canaliser celle-ci dans une voie qu'elle maîtrise et par laquelle elle s'assure que les désidératas citoyens seront étouffés, donc inoffensifs donc que rien ne changera. Je ne dis pas que la violence est agréable, je dis qu'elle est le dernier recours, la dernière voix d'expression qui n'est pas contrôlée par le gouvernement et qui pourrait assurer que les revendications soient entendues. Je ne suis plus mal à l'aise à l'idée de cautionner la violence physique quand les méthodes convenues via le contrat social sont bafouées en permanence par l'une des parties.
Je ne cautionne pas l'atteinte aux personnes, mais je n'ai que faire des biens matériels…
Certes, je crois fortement que nos élus nous représentent : il y a, en haut-lieu, une majorité de personnes détestables qui servent avant tout les intérêts d'une unique classe sociale tout en fuyant leurs responsabilités, car il y a, en bas-lieu, une majorité de personnes ignorantes et passives qui cherchent en permanence à servir uniquement leur petit intérêt individuel tout en fuyant leur responsabilité (boulot, climat, etc.). Mais cela n'octroie pas pour autant un quelconque droit à la classe politicienne d'abuser des citoyens.
Plutôt que de continuer une escalade, je propose à nos gouvernants de revenir à une forme ritualisée du conflit social, donc à respecter l'autre partie, à se tenir à carreau et à concrétiser les volontés citoyennes.
Si tous ces politiciens condamnent cette tentative d'incendie, c'est parce qu'ils ont peur, par contagion, pour leurs petits biens, pour leurs petites personnes. Il s'agit d'une réaction avare visant à défendre leurs acquis, leur mode de vie, leur prétendue réussite, leur inaction, pas d'une réflexion structurée sur la situation.