Panique à bord ! Alors que les élections européennes arrivent à grands pas (mai 2019), Macron n’a toujours pas réussi à se faire des amis pour constituer un groupe et exister au Parlement européen. Sans groupe, hélas, pas d’argent, pas de postes clés (présidents de commission, coordonnateurs, rapporteurs, etc.) et aucune chance de peser sur les positions et les nominations de la Commission…
Macron a d’abord rêvé d’une romance avec Merkel. Mais le parti de la Chancelière, la CDU, n’a aucune envie de quitter le PPE (Parti populaire européen), qui rassemble en Europe les mouvements de sa sensibilité. Scheisse ! Et En marche ! ne peut pas non plus rallier le PPE, qui abrite tous les partis conservateurs, parmi lesquels le Fidesz de Viktor Orban…
Erasmus, à l’aide !
Le rêve allemand évanoui, Macron et ses émissaires se sont tournés vers l’Espagne dans l’espoir de monter une alliance avec Ciudadanos. Un parti jeune, progressiste et libéral : c’était parfait. Mais l’Elysée a mis un certain temps à comprendre que, pour son chef, le jeune et fringant Albert Rivera, les élections enropéennes n’étaient pas une priorité. Les rencontres n’ont débouché sur rien de concret. No pasarân, Manuel !
Et l’Italie ? Le PD transalpin (Partito democratico, centre gauche) s’est montré réceptif. Problème : les Macron boys ont pris langue au même moment avec le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo. Révélés par le journal italien « Il Foglio », les contacts entre les deux formations ont douché le PD, dont un dirigeant a fustigé l’« amateurisme » de l’Elysée. Les contacts pris avec les partisans de Beppe Grillo ont semé la zizanie jusque dans le camp Macron, Europe En Marche pendant un communiqué de fin de non-recevoir très vif, retiré par LRM. Ciao ragazzi !
SOS amitié
La logique aurait voulu que l’Elysée contacte le groupe libéral européen (Alde), sorte d’auberge espagnole où cohabitent des centristes de gauche et de droite de tous pays, plus quelques eurosceptiques (FDP allemand). Mais Macron n’a pas souhaité rencontrer son chef, le Flamand et ancien Premier ministre Guy Verhofstadt. « Il n’est pas assez docile, [le Président] s’en méfie », raconte un eurodéputé français.
Après cette histoire belge, Dany Cohn-Bendit a convaincu Macron de tenter un rapprochement avec les Verts européens, moyennant l’appui de quelques Grünen allemands. Mais l’initiative de (Cohn-Bendit a eu très peu d’écho. L’Elysée a laissé entendre que Pascal Canfin, ancien ministre (EELV), pourrait se rallier. Furax, l’intéressé a fait savoir qu’il n’avait jamais été approché !
Macron mise sur son grand discours au Parlement européen, le 17 avril, pour susciter l’envie. Il comptait faire une allocution jupitérienne et tourner les talons. Seulement, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, lui a rappelé qu’il était dans les usages de débattre avec les élus. « Une chose est sûre, prévient l’eurodéputé Vert Pascal Durand : si Macron persiste dans son attitude bonapartiste, ça ne marchera pas en Europe. »
Ça peut même finir à Waterloo.
Dans le Canard enchaîné du 11 avril 2018.