On peut être social-démocrate et gagner un scrutin national. Si, si. Manuel Valls pourrait y réfléchir ! Le contre-exemple a une belle gueule, de l’endurance et a, durant ses dix mois de gouvernement, mené une politique de gauche ambitieuse : augmentation sur deux ans de 36 % du salaire minimum et accès universel au service national de santé.
Résultat : Pedro Sanchez et son parti, le PSOE, se retrouvent largement en tête, avec 123 députés, soit 38 de plus qu’en 2016, tandis que le grand parti de droite conservatrice, le Parti populaire, s’effondre et perd plus de la moitié de ses sièges (66). L’extrême droite fait son entrée au Parlement (24 députés), sans être en mesure d’y avoir de l’influence.
La majorité absolue en Espagne étant de 176 députés, Sanchez va devoir nouer des alliances. Son allié d’extrême gauche, Podemos, montrant d’inquiétants signes de faiblesse (42 sièges), il va falloir trouver des renforts chez les Basques et les nationalistes catalans (dont 5 sont élus et en prison), qui ont obtenu 22 sièges. Et le PSOE sera de nouveau à la merci d’un vote de défiance, le parti refusant toujours aux Catalans un référendum d’autodétermination. En février, ce sont les Catalans qui ont fait tomber Sanchez, en votant contre le budget.
De quoi faire réfléchir aux « charmes » de la proportionnelle intégrale.
De quoi réfléchir également aux apports et aux limites de Podemos : gouvernement instable depuis des années, bipartisme encore bien présent, misère suffisamment prégnante pour que l'extrême-droite perce, etc. Donc ouais, la hausse du SMIC de 36 % découle de cette misère, pas tellement de l'action de Podemos…
Dans le Canard enchaîné du 30 avril 2019.