En trimballant leurs flingues partout, les flics les perdent n’importe où… jusqu’au bois de Boulogne. Mortel !
Le pistolet automatique avec lequel, le 17 août, la prostituée transsexuelle Vanesa Campos a été tuée, au bois de Boulogne, était celui d’un policier ! Depuis l’autopsie de la victime, réalisée au lendemain du meurtre, les enquêteurs de la crim’ savent que la balle mortelle de 9 mm a été tirée par un Sig Sauer de service. Gros malaise au cabinet du préfet de police de Paris, où l’on a aussitôt fait le rapprochement avec un incident signalé sept jours plus tôt.
Le 9 août, à 1 h 20 du matin, au même bois de Boulogne, un poulet en goguette après une journée de travail laisse dans sa voiture sa carte de police, son brassard et… son arme avec un chargeur. De retour de sa petite virée, il découvre qu’il s’est fait barboter ce barda. La suite est connue… Le préfet de police a de quoi se mettre en pétard !
Depuis que les flics, menace terro oblige, ont le droit de se balader enfouraillés en dehors des heures de boulot, on ne compte plus les flingues volés ou égarés : 24 depuis le début de l’année rien qu’en Ile-de-France. Et les armes retrouvées ne sont pas comptabilisées. En avril, par exemple, lors de l’inventaire d’un stock d’armes appartenant à la Direction de l’ordre public — un service dépendant de la Préfecture de police (PP) —, les armuriers se sont aperçus que trois Sig Sauer et un pistolet mitrailleur Beretta manquaient au râtelier. Les quatre flingues n’ont, à ce jour, pas été récupérés par la police des polices, chargée de l’enquête.
Un alibi à deux balles
Autre fait d’armes sur lequel la PP est restée discrète : la perte abracadabrantesque, en février, sur l’autoroute A6, de trois autres pistolets mitrailleurs dernier cri, des HK UMP 9, dont ont été dotés policiers et gendarmes après les attentats du 13 novembre 2015. Le 5 février, à 8 h 10, miracle ! un membre de la fameuse brigade de recherche et d’intervention au flair de Rantanplan a « découvert sur la route au sol (sic) », non seulement les flingues, mais aussi « six chargeurs, les cartons d’emballage de ces derniers, ainsi que diverses pièces ».
Dans le rapport adressé à son chef, le poulet Sébastien D. écrit : « Je me suis alors rendu compte qu’il s’agissait de pistolets mitrailleurs supportant l’inscription “Propriété de l’Etat”. » Fumant !
Aussitôt, la maison poulaga confie une enquête aux limiers de l’Inspection générale de la police nationale. Grâce à leurs numéros de série, ces derniers reconnaissent les pétards comme appartenant au service de « formation opérationnelle spécifique et tactique ». Le 6 février, les deux coupables sont identifiés et invités à rédiger des rapports à la suite de l’« incident de transport (sic) ». Le premier explique : « Trois cartons sont tombés du coffre de notre véhicule pendant le transport sans que nous puissions nous en rendre compte. » C’est ballot.
Et le second de préciser : « J’ai bien entendu du bruit côté coffre. » Malgré un arrêt et une brève vérification, « il m’était à ce moment-là impossible de m’apercevoir que des cartons avaient chuté du véhicule, car il faisait nuit, et les conditions météorologiques étaient difficiles du fait de la pluie verglacée puis de la neige ». Pour ne rien arranger, l’auteur du témoignage, de son propre aveu, « était souffrant (grippe) ».
Et un peu lent à la détente ?
Wooooh Wooooh Woooh… flippant. :O
Dans le Canard enchaîné du 29 août 2018.