Mes notes concernant la conférence « Big Brother, entre réalité et science-fiction » qui a eu lieu à Strasbourg le 10 décembre 2015 dans le cadre du cycle de conférences et d'ateliers « Avenirs d'Internet ».
Il n'y avait pas de slides. L'enregistrement audio est disponible ici : https://hackstub.netlib.re/docs/avenirsdinternet/enregistrements/montageSonConf1/confavenirsdinternet-zimmermann-henryQ4.ogg .
Jérémie Zimmermann
- Les productions hollywoodiennes introduisent une idée perverse : le gentil a raison d'aller tirer sur tout ce qui bouge car lui est humain, lui a une famille, lui éprouve des sentiments.
- Il y a une porosité entre science et fiction. La science inspire la fiction, la fiction inspire la science. Exemple : les ordiphones Motorola StarTAC qui ressemblaient au « Communicator » de Star Trek. Autre exemple : les inventions de Jules Verne qui ont mis les scientifiques sur la voie.
- Une autre idée viciée répandue est de considérer que toute innovation est forcément acceptable. Le futur est inévitable, comme dans Terminator. On s'arrête pour réfléchir : on nous impose l'innovation. Où est notre liberté de choix ?
- Des drones pilotés existent pour conduire des frappes. Alors des robots tueurs Terminator qui prendront des décisions basées sur des données, des infos, des profils, on n'en est pas loin. Peut-être qu'il y aura un opérateur qui confirmera ou non la frappe en agitant un pouce, comme au temps de Jules César.
- La surveillance de masse, le profilage, tout ça, sont vus comme un progrès ou comme une dérive, selon les points de vue.
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Les sujets autour des libertés à l'heure du numérique sont tellement complexes qu'il faut prendre des symboles pour y attacher nos idées politiques. Exemple : « neutralité du Net », ça ne parle à personne. « Discrimination des communications sur Internet », c'est déjà plus parlant. Il y a une rhétorique à construire pour faire passer nos messages.
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La réalité a déjà dépassé la fiction. Est-ce que la fiction c'est pour nous habituer ou pour nous faire réfléchir ?
- On n'a pas les Precogs de Minority Report à sauver mais on a des ordinateurs froids qui contiennent toutes nos conversations, tout nos déplacements, etc. sur les X dernières années.
- Robocop est une satire du monde, du Cartel industriel. Robocop ne suivra pas les ordres car il est humain.
- Terminator est une machine implacable avec des Google Glass.
- Tout ça montre qu'on a les atrocités du cinéma dans nos poches, sous forme de joujou charmant. Les puces fermées que contiennent nos ordiphones dont on sait que des accès à distance sont possibles mais dont on ne sait pas ce que font ces puces. Ces machines nous ciblent. La différence, c'est que les tueries du Terminator se voient alors que la surveillance de masse est invisible.
- Même chose pour le pistage via les likes Facebook.
- La surveillance nous oblige à nous autocensurer, à nous brider : quand on se sent surveillé-e, on ne dit pas "fuck le boss" au boulot, on ne se rend pas à une réunion d'homoxuel-le-s ou aux alcooliques anonymes.
- En une 15aine d'années, on est passé de l'ère des machines documentées à l'ère des machines Terminator. Exemple : le fonctionnent de l'Amiga était connu et la documentation était livré avec la machine. [ NDLR : J'ajoute un exemple perso que j'ai vécu : http://www.guiguishow.info/2013/12/31/va-te-faire-foutre-uefi/ ]
- Les biais hollywoodiens nous empêchent de voir les liens entre fiction et réalité.
- Connaissance volée, ressources communes volées, démocratie volée. On est déjà dans Fahrenheit 451 : on n'a plus le droit de lire les documentations de nos machines. Et, en cachette, on lit les docs Snowden.
- La protection de la vie privée, c'est la protection de nos intimités. C'est se laisser la possibilité d'êtres libres seul-e ou à plusieurs. C'est la possibilité d'expérimenter sans se faire juger. C'est important.
Léo Henry
Lecture de deux nouvelles d'anticipation écrites par un collectif d'auteurs.
Q&R
Je n'ai pas pris de notes de la session de questions-réponses.
Sur un plan perso, c'était ma première rencontre avec jz. Son côté humaniste m'avait soufflé et remonté le moral alors que je n'étais que rage et désespoir à ce moment-là (loi Renseignement, sortie des décrets "filtrage" de la loi anti-terro de 2014, état d'urgence, déchéance de nationalité, exclusion et rejet de l'autre évoqués en permanence dans les infos, etc.). Bref, je garde un excellent souvenir de notre longue conversation. < 3