L’arrestation à Londres, le 11 avril, de Julian Assange, le fondateur de « WikiLeaks », est le résultat, comme chacun sait, des multiples pressions exercées parles Américains sur l’Equateur, qui avait accueilli le célèbre lanceur d’alerte dans son ambassade. A la Maison-Blanche, au Pentagone et à la CIA, où l’on déteste tous ceux qui critiquent les guerres américaines, on a aussitôt sabré le champagne.
Seconde victoire américaine, dès le lendemain : le 12 avril, les juges de la Cour pénale internationale renoncent à enquêter sur les crimes de guerre commis par les troupes US en Afghanistan et sur les prisons secrètes de la CIA (en Pologne, en Roumanie, etc.) où l’on torturait allègrement les détenus afghans et autres. La encore, les magistrats ont cédé aux pressions US.
Ce n’est peut-être qu’un hasard, mais l’annonce, en 48 heures, de tels résultats force l’admiration. La politique étrangère américaine est d’une remarquable efficacité, même si, en ce qui concerne l’extradition de Julian Assange que réclame Washington, ce n’est heureusement pas encore gagné. Trump et les siens ne lui pardonnent pas les révélations de « WikiLeaks » (télégrammes diplomatiques et documents) sur les comportements des troupes américaines en Irak et en Afghanistan.
Cette victoire obtenue par la Grande Amérique sur le petit Assange a valu à ce dernier le rappel de certains faits. Mais, quelles que soient les accusations portées contre lui, justifiées ou non, son arrestation et son éventuelle extradition représentent une très mauvaise nouvelle pour la presse, et pour tous les journalistes. Une presse qui s’est naguère régalée des documents fournis par Assange, dont personne n’a jamais mis en doute l’authenticité.
Dans le Canard enchaîné du 17 avril 2019.