Quelques infos sur l'accord de libre-échange signé fin juin 2019 entre l'Union Européenne et le Mercosur.
Pas d'inquiétude, car tout est prévu. Ça fait vingt ans qu’ils en discutent en secret, alors, vous pensez bien… Non seulement l’accord historique signé vendredi entre l’Union européenne et le Mercosur, marché commun réunissant Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay, va « dans la bonne direction », comme l’a dit Macron, mais il sera exemplaire en matière d’environnement et de biodiversité. Comme 90 % des droits de douane entre ces deux immenses marchés vont tomber, l’Europe va pouvoir exporter ses bagnoles, ses pièces détachées, ses produits chimiques, ses médicaments, ses parfums, ses sacs Vuitton, son speck tyrolien, son champagne, etc. Et Brésil et consorts vont pouvoir nous envoyer 100 000 tonnes de volaille par an et 99 000 tonnes de bœuf, pas une de plus, et des fruits, du café instantané, des jus d’orange, et 180 000 tonnes de sucre, et de l’éthanol, et des métaux rares…
Evidemment, les grincheux grinchent. Les agriculteurs, tous syndicats confondus, de la FNSEA à la Confédération paysanne, qui dénoncent cette « course folle à la concurrence ». Les écolos de tout poil, Nicolas Hulot et Yannick Jadot en tête, qui rappellent que le Brésil est le plus gros consommateur de pesticides du monde, que 31 % de ceux dont ils usent sont interdits en Europe, qu’en prime le fou furieux Bolsonaro en a fait homologuer 239 nouveaux depuis janvier, que là-bas les boeufs sont dopés à coups d’antibiotiques et d’hormones de croissance, que l’élevage bovin est avec le soja transgénique le principal responsable du saccage de la forêt amazonienne (400 hectares détruits chaque jour), que pour Bolsonaro le réchauffement climatique n’est qu’« un complot marxiste », etc.
Il y a aussi les 340 ONG, les 600 scientifiques européens, les deux organisations représentant 300 groupes indigènes brésiliens qui dénoncent les violations des droits humains et les attaques contre les indigènes et les minorités…
Mais bon. Pour faire plaisir à l’Europe, Bolsonaro a promis de respecter l’accord de Paris sur le climat et, avec ses amis sud-américains, il s’est engagé aussi à « lutter contre la déforestation ». C’est vague et ça ne mange pas de pain, mais pourquoi ne pas les croire sur parole ? En prime, ils assurent qu’ils ne nous enverront pas de viande aux hormones, bref, arrêtons de douter de leur bonne foi et ouvrons grand ce marché « ouvert, équitable, durable » de 777 millions de consommateurs qui fera la nique à Trump.
Ho bah, s'il a promis ! Tout va bien, alors ! Ça me suffit amplement !
Quand chacun des Etats membres et le Parlement européen auront ratifié cet accord, alors, que vogue… sur les océans mille armadas de porte-conteneurs !
Dans le Canard enchaîné du 3 juillet 2019.