La corbeille était bien remplie : les investisseurs internationaux se sont rués sur l’emprunt de 7 milliards lancé par la France le 19 février. En un clin d’œil, les financiers du monde entier ont proposé 31 milliards. Et en acceptant un taux d’intérêt riquiqui : 1,6 % sur trente ans, couvrant à peine l’inflation !
Explication du mystère : pour sortir de la crise de 2008, les banques centrales — BCE en tête — font tourner la planche à billets afin de relancer l’activité. Et il y a tellement d’argent que les occasions d’investir manquent. Les emprunts publics des Etats restent les plus sûrs, même ceux des pays qui ne sont pas des modèles de rigueur financière. Et, depuis que l’Allemagne a considérablement réduit ses emprunts — pour cause d’excédent budgétaire —, la France, réputée pour sa capacité à lever des impôts et, donc, à rembourser, est devenue la chouchoute de la finance.
D’autant plus qu’une étude de la Banque de France (« Les Echos », 26/2) vient de révéler que la baisse des taux devrait permettre à la France de diminuer les remboursements annuels de sa dette d’environ 12 milliards d’ici à 2021, soit le montant du cadeau fait par Macron aux gilets jaunes.
La finance n’est plus l’ennemie de Macron — pas plus, d’ailleurs, qu’elle ne l’était de Hollande : la réduction du déficit pendant son quinquennat a été due pour moitié, selon la Cour des comptes, à la baisse des taux d’intérêt.
Dans le Canard enchaîné du 27 février 2019.