Etendre aux sans-papiers les moyens utilisés pour lutter contre le crime organisé ou le terrorisme : c’est l’idée du décret 2018-543, publié au « Journal officiel » le 30 juin et signé Edouard Philippe. Il offre « au service de la Préfecture de police chargé de la lutte contre l’immigration irrégulière » la possibilité de « recourir à certaines des techniques de renseignement prévues par la loi ».
Amalgame entre clandestins et poseurs de bombes ? Jamais ! se défend l’Intérieur, invoquant une simple réorganisation de la Préfecture de police. De fait, jusqu’en mai 2017, le service chargé de la lutte contre l’immigration clandestine étant rattaché à la Direction du renseignement, il pouvait bénéficier de ses pouvoirs les plus secrets. Devenu la Sous-Direction de la lutte contre l’immigration irrégulière (SDLII), le service aspire aux mêmes privilèges !
Allô, j’écoute !
Collomb voulait aussi lui permettre de recourir aux fameux Imsi-catchers, ces « grandes oreilles » réservées par la loi aux services de renseignement. Mais la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement l’a signifié à Collomb : la SDLII n’a pas les « compétences techniques » pour recourir aux Imsi-catchers, « ni même le besoin opérationnel ».
Finalement, c’est dans le seul cadre de la « prévention de la criminalité et de la délinquance organisée » que la SDLÏI pourra parfois recourir aux écoutes, à la géolocalisation et au balisage.
Et, l’armée contre les immigrés, il y a pensé, Collomb ?
Dans le Canard enchaîné du 18 juillet 2018.