Résumé : habilitation électrique = morceau de papier valable 3 ans (il faut suivre un « recyclage » avant ce délai) délivré par un employeur (tu changes d'employeur = tu la perds) après une formation bidon (dont la qualité varie amplement en fonction de l'organisme formateur) qui dédouane ton employeur d'une partie de ses responsabilités quand tu branches des appareils électriques et ré-arme un disjoncteur sur ton temps de travail. Fabuleux, non ?
Ha, il faut que je t'expose le grand n'importe quoi que constitue l'habilitation électrique. Tu vas voir, le niveau de connerie est cosmique. Ça fait trois ans que je l'ai passé, et un an qu'on m'a proposé de la passer à nouveau (changement d'employeur), mais j'en garde un vif souvenir.
J'exerce l'activité salariée d'administrateur de systèmes et de réseaux informatiques. Il m'arrive donc de me faire livrer des ordinateurs, de les ranger dans un endroit approprié (une armoire de rangement dans une salle machines), et de les raccorder, entre autres, à l'électricité. Prise murale, 230 V, 50 Hz, tout comme à la maison. J'insère parfois des composants dans des ordinateurs. Il m'arrive aussi de devoir ré-armer des disjoncteurs. Je fais rien de plus. Je n'installe / interviens pas sur les circuits électriques de mon employeur. Rien.
À la maison, j'ai le droit de brancher des appareils au courant, y compris des ordinateurs, et de ré-armer des disjoncteurs. Pas au taff. Il me faut une habilitation électrique. Sans elle, un chef ne peut pas m'ordonner de toucher des bidules électriques sans engager sa responsabilité.
Avant d'obtenir cette habilitation, il faut suivre une formation de deux jours. Le contenu de ma formation était FOR-MI-DA-BLE :
Bref, formation inutile. Comme tant de formations, ceci dit (coucou la formation aux méthodes agiles qui reprenait les illustrations que l'on trouve dans tout livre et dans tout cours à la fac… Plus de trois ans après, je me rappelle mon envie de me trancher les veines d'ennui durant cette formation).
Le mieux reste à venir. L'habilitation est une auto-certification. C'est l'employeur qui habilite son employé à toucher des bidules électriques. Comme il le fait sur validation d'un formateur, il n'engage plus sa responsabilité. Conséquence : tu perds ton habilitation quand tu changes d'employeur. Génial ! Argent facile pour les formateurs.
T'en veux encore ? L'habilitation électrique a une durée de validité. La préconisation est de suivre un « recyclage » (rappel durant un jour de """"formation"""") tous les trois ans. Au-delà, l'habilitation n'est pas caduque en elle-même, mais, comme d'hab, l'employeur engage sa responsabilité, et l'employé devra subir à nouveau les deux jours complets de formation. Argent facile pour les formateurs, bis.
Évidemment, il y a plusieurs niveaux de certification en fonction de la tension et de la nature des tâches. Si tu ne crées pas de la complexité inutile, tu ne vends pas de la formation. :)
Bref, bienvenue dans l'univers des gens RES-PON-SA-BLES… qui se défaussent de leurs responsabilités les uns sur les autres. Comme d'hab, ça permet à des gens de jouir dans leur délire paperassier, à d'autres d'encaisser, à d'autres d'avoir un emploi, et à d'autres de subir.
Bullshit over bullshit for more bullshitness.
P.-S. : j'ai rien contre le fait de former aux risques électriques, de développer des automatismes permettant de réagir à un danger électrique, etc., mais ce n'est clairement pas le sujet de l'habilitation électrique qui apprend plutôt la paperasse (se tenir seul à xx cm du tableau électrique, hein !), le dédouanement et la couardise. D'autant qu'elle est obligatoire au travail pour des tâches que tu effectues sans problème chez toi sur des circuits identiques (230 V, 10-20 A, 50 Hz)… On pourrait au moins faire sauter ce premier niveau d'habilitation pour les tâches basiques.