En pleins soldes d’été, voilà l’industrie du vêtement et de la chaussure habillée pour l’hiver ! L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rend, ce mercredi 4 juillet, un rapport sur la toxicité des fringues et des pompes. L’Anses a trouvé dans nos jeans, tee-shirts ou lingerie 15 cochonneries chimiques problématiques pour la santé, et pas moins de 17 dans nos escarpins, bottes et bottines : des colorants, des conservateurs, des stabilisateurs, des antiacariens, des imperméabilisants… En prêt-à-porter !
Après avoir passé au tamis les études scientifiques sur les dermatites de contact, l’Agence a analysé la composition de 39 vêtements et paires de chaussures. Conclusion : 20 % des textiles recèlent du PPD, un colorant dérivé du goudron susceptible de déclencher des réactions allergiques à vie, 16 % sont chargés en métaux lourds, très toxiques, tels le cobalt, le cuivre ou le mercure (utilisés pour faire briller les matières ou fixer les teintures), et 20 % en NP et NPEO, imperméabilisants soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens.
Sans aublier des substances carrément létales : 20 % des chaussures contiennent du chrome VI — un adjuvant employé pour le tannage du cuir et classé cancérogène avéré pour l’homme. Même problème avec la résine formaldéhyde, qui sert notamment à fixer les semelles. De quoi marcher à côté de ses pompes…
Nickel-chrome
La Commission européenne espère bien restreindre l’usage, pour les textiles et les chaussures, de tous les cancérogènes avérés ou supposés… mais en 2021 ! En attendant, l’Anses recommande a minima d’avertir le consommateur de la présence de ces substances. Elle préconise aussi de passer au lavage les vêtements neufs avant de les porter. Sauf que, en ce qui concerne les PPD, chaque tour de machine à laver imprègne encore un peu plus le vêtement de cette substance toxique.
Les lecteurs du rapport de l’Anses vont pouvoir négocier des remises. Même après les soldes !
Dans le Canard enchaîné du 4 juillet 2018.