Ce documentaire me laisse sur ma faim, car il se contente de différencier une gestion publique de l'eau d'une gestion privée de l'eau sur les seuls critères du prix de l'eau et de la maintenance à courte-vue du réseau. Évidemment, c'est important de tenir ce raisonnement face au discours libéral qui nous explique en permanence que le privé est toujours plus efficace, gnagnagna. Mais c'est insuffisant, car la hausse du prix de l'eau durant un contrat de 30 ans peut aussi s'expliquer par la rareté croissante de l'eau et par le coût croissant de l'assainissement causé par la quantité croissante de produits chimiques que nous déversons dedans (je pense à tous nos détergeants actuels alors qu'on nettoyait nos maisons avec du vinaigre et autre y'a encore 30-50 ans). Bref, j'aimerai bien un documentaire qui compare également sur d'autres critères comme la qualité de l'eau, le nombre de fuites sur le réseau, le respect de l'environnement lors de l'assainissement, etc.
Néanmoins, ce documentaire diffuse des infos intéressantes :
- Paris a construit son réseau d'eau suite à l'épidémie de choléra qui a sévit en 1832. En 1853 naît la compagnie générale des eaux, présentée comme la première société de gestion de l'eau, qui perdurera jusqu'en 1998. Son conseil d'administration des débuts était déjà composé à 100 % de banquiers, comme quoi… ;
- Des contrats de délégation au privé prévoient un minimum de consommation qui tient compte de la croissance démographique et de la hausse présumée de la consommation. Des pénalités (en centaines de millions d'euros) sont exigées, auprès de tribunaux arbitraux privés, par les sociétés commerciales, en cas de sous-consommation par rapport à l'estimation. Comment veux-tu initier une politique de sauvegarde de l'eau dans ces conditions… ;
- Une remunicipalisation de l'eau coûte toujours cher (1,3 milliards d'euros pour Berlin)… Les citoyen⋅ne⋅s paye une deuxième fois leur système d'eau… On marche sur la tête ;
- Dans les pays en crise économique, les mémorandums avec l'UE prévoient quasiment toujours une privatisation des services de l'eau. Néanmoins, comme le fait remarquer un militant irlandais : quand l'UE demande à l'Irlande d'arrêter ses cadeaux fiscaux à Apple (en dizaines de milliards d'euros), les politicien⋅ne⋅s irlandais⋅e⋅s choisissent de passer outre (alors que c'est des entrées d'argent en moins pour l'État), mais quand il s'agit de privatiser les services de l'eau, les mêmes politicien⋅ne⋅s choisissent d'obéir lâchement. Deux poids, deux mesures…